camPoche 83



Valérie Poirier
Palavie et autres pièces


2017. 304 pages. Prix: CHF 18.–
ISBN 978-2-88241-422-9
Cet ouvrage a bénéficié d’une aide à la publication accordée par la CIIP (Conférence intercantonale de l’Instruction publique de la Suisse romande et du Tessin), Groupe de travail intercantonal, Livre et soutien au livre romand


Biographie

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Index des auteurs



Valérie Poirier est franco-algérienne. Elle vit à Genève. Comédienne, elle est également metteur en scène. Mais c’est l’olifant de l’écriture qui l’appelle. Écrire pour le théâtre est presque une évidence. L’année dernière, elle se voit décerner le prix suisse du Théâtre. La consécration qui couronne son œuvre!
C’est une série de six pièces qui sont consignées dans le livre de poche paru chez Bernard Campiche. Six tableaux écrits avec une plume acérée. Des caricatures de l’âme humaine. Ses personnages sont criants de vérité avec des lézardes du côté du cœur. La force de Valérie Poirier réside dans son style si particulier. Des phrases courtes. Percutantes. Parfois un seul mot. Mais qui dit tout. Un enchaînement de mots. Le personnage est révélé par cette concision, cette épure de la langue. Avec plus de virulence que ne le feraient de longues tirades. Parfois la langue exulte dans des monologues superbes qui ralentissent le rythme trépidant.
Le prétexte de ses pièces? Souvent une commande de la part d’un metteur en scène. Lorsqu’elle choisit une  maison de retraite, ce n’est nullement dans l’intention d’en faire une étude sociologique mais pour rendre compte d’une certaine marginalité. «Les vieux sont les derniers mohicans; ils assistent au naufrage d’un monde en train de disparaître». À nouveau, un univers décalé avec ce couple âgé, magiciens au public épars et qui suscite la tendresse de l’auteur.
Dans «Palavie», l’auteur aborde deux thèmes qui lui sont chers: l’exil et la maternité. Elle s’est intéressé à l’histoire des Pieds-Noirs d’Algérie, en particulier celle des petites gens issues de cette communauté. Histoire poignante que celle de Nadji, appelé Jean-Paul par sa mère, pour faire plus suisse. Ce dernier s’adresse à sa mère défunte ou plus précisément à l’urne qui renferme ses cendres: «Quand j’étais petit, tu faisais venir la mer. Un jour tu as lâché ma main. Tout est devenu silencieux. La neige a recouvert les rires et les chants.» Au lecteur de découvrir «Un conte cruel» qui met en scène la violence conjugale. Tout avait pourtant si bien commencé entre La Girafe et Petit-Brun!

ÉLIANE JUNOD
, L'Omnibus

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Une précieuse trace écrite du travail de la dramaturge Valérie Poirier

Jouée en 2015 au théâtre du Grütli, la pièce de théâtre Palavie marquait les esprits et bouleversait les cœurs. Le thème de l’exil y était essentiellement évoqué avec une finesse et une sensibilité rares: celles de Valérie Poirier, récompensée cette année par le Prix suisse du Théâtre. L’auteur prolonge notre bonheur avec l’édition de cette pièce, mais aussi de toutes celles qu’elle a écrites, au travers du livre: Palavie et autres pièces, paru aux Éditions Bernard Campiche. La sortie de l’ouvrage fut fêtée fin novembre dernier, au Café-librairie Livresse, à Plainpalais

Comédienne de formation, vivant à Genève, Valérie Poirier semble investie d’une mission qu’elle relève comme personne: toucher nos points sensibles, parfois nos blessures, nous exhortant à les regarder en face et à ne pas les enfouir. Ses outils? Les mots qu’elle habite si intimement, si intensément de par sa fonction de dramaturge. «Si on ne va pas creuser les histoires en profondeur, il n’est pas indiqué de prendre la plume», souligne-t-elle. La magie opère aussi lorsque Valérie Poirier prend la parole. Converser avec elle, c’est se délecter du plaisir de l’entendre formuler minutieusement ses idées, quitte à ponctuer ses phrases de silences. De manière évidente, Valérie Poirier cherche toujours la parole juste, la parole vraie, au plus près des ressentis

Résonances

Cette quête de profondeur et de vérité a pour effet de toucher en plein coeur. Les mots de Valérie Poirier ont le pouvoir d’entrer en résonance. Résonance avec les spectateurs, leur vie. Tel est le cas avec «Palavie»; pièce de théâtre née d’une proposition faite à Valérie Poirier, par le metteur en scène Julien George, d’écrire pour la Compagnie Clair-Obscur. Deux grands thèmes y sont abordés: l’exil et la maternité. «On vient d’une terre, d’un ventre, on grandit dans une langue. Quelquefois, nos trajectoires sont bousculées et ce terreau d’origine vole en éclats, il faut se reconstruire ailleurs, autrement, se dire avec des mots nouveaux. L’exil géographique se conjugue avec l’exil intérieur; on ne sait plus tout à fait qui l’on est, on ne se sent plus complètement légitime. On devient un être fracturé (…)», écrit Valérie Poirier, rendant hommage aux trajectoires brisées et à une forme de résilience. Entrer dans l’univers de «Palavie» marque pour la vie. Il y a un avant et un après la pièce. On apprendrait presque tout par cœur, tant les phrases sont belles et fortes. On retiendra la toute dernière, celle d’un oiseau: «N’aie pas peur de la nuit, Mama, car c’est elle qui allume les étoiles».


«Il n’y a plus d’éditeurs pour le théâtre»

— Valérie Poirier, que ressentez-vous à présent que le livre est édité?
— Un grand contentement! Voir toutes mes pièces principales réunies en un seul recueil
me procure un grand plaisir. Outre Palavie, écrite en 2012, le livre contient les pièces Les Bouches, récompensées par le Prix de la Société des Auteurs; Loin du bal; Quand la vie bégaie; Objets trouvés et Un conte cruel.

— Quelques mots à propos de la couverture?
— J’ai eu la chance de pouvoir la choisir. C’est une création d’Olivier Garrel. On y voit une marelle dessinée dans le sable et que la mer efface. Cela évoque un destin brisé, quelque chose qui à avoir avec l’enfance, avec le lointain. Le fait qu’elle soit effacée revêt une connotation un peu tragique.

— Aimeriez-vous que des passionnés de théâtre puissent rejouer vos pièces grâce à ce livre?
— Énormément. C’est d’ailleurs l’un des buts du livre, surtout lorsqu’on sait que les gens ne lisent pas forcément beaucoup le théâtre. Ce livre, de surcroît, est une trace de tout mon travail. C’est une énorme satisfaction.

— Où peut-on le trouver?
— Dans les librairies, ainsi qu’auprès de l’éditeur à qui on peut le commander.

— Un dernier message?
— Aujourd’hui, il n’y a plus d’éditeurs pour le théâtre, en Suisse romande. C’est une grande perte pour le patrimoine culturelle de notre région. J’aimerais donc saluer ici le geste de mon éditeur Bernard Campiche.

ESTHER ACHERMANN
, Tout l'immobilier

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Plonger dans les pièces de Valérie Poirier c’est comme s’immerger dans un kaléidoscope furibard ; mais attention : les hoquets de son écriture déglinguée et multicolore cachent en réalité la mécanique d’une grande complication.
Tout un petit monde soigne ses bleus au corps en se peignant des bleus à l’âme, pantins crédules qui frôlent l’histoire des grands, tout en se gavant des cendres de leurs morts ; ici, l’insignifiance chahute au plus près les belles espérances.
Et pourtant, les rideaux déchirés ne sont jamais bien loin, qui pourraient laisser filtrer les rais d’un bonheur désespéré, celui qui nous tend les bras, avec ses mains pleines de sourires.

GILLES LAMBERT

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