Enjeux 4


ODILE CORNUZ – JULIE GILBERT
VALÉRIE POIRIER – NADÈGE REVEILLON

Ce volume contient:
Odile Cornuz Cicatrice
Julie Gilbert – My Swiss Tour
Valérie Poirier Loin du bal
Nadège Reveillon – Vénus vocero

Théâtre
2008. 368 pages. Prix: CHF 18.–
ISBN 978-2-88241-313-4, EAN 9782882412133

Publié en partenariat avec la SSA (Société Suisse des Auteurs)

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Textes-en-scènes / atelier d’auteurs de théâtre est une initiative de la Société Suisse des Auteurs (en collaboration avec Pro Helvetia, le Pour-cent culturel Migros et l’association Autrices et Auteurs de Suisse).
Les auteurs dramatiques sont invités à déposer un projet d’écriture pour le théâtre. Un jury sélectionne quatre de ces propositions, les élus reçoivent une bourse et partent en résidence à périodes régulières. Ils sont accompagnés par un dramaturge expérimenté et reconnu. Les théâtres partenaires de cette opération obtiennent un soutien financier pour la mise en production de ces nouvelles écritures.
Pour cette deuxième édition (2006), c’est le dramaturge français Enzo Cormann qui a accompagné les quatre femmes-auteurs choisies. Le résultat est significatif. Quatre textes et propos radicalement différents, quatre formes et écritures singulières et riches, quatre propositions théâtrales qui expriment avec inventivité et rigueur leurs interprétations du monde. Car c’est toujours à une commande implicite de l’assemblée (à venir) qu’obéit le dramaturge à l’instant de se mettre à l’ouvrage, comme le dit très justement Cormann dans sa préface.

PHILIPPE MORAND, directeur de la collection Théâtre en camPoche


Préface d’Enzo Cormann
Accompagner des cheminements

Depuis le temps que j’accompagne des écritures dramatiques, on pourrait s’attendre à ce que, blasé ou las, je fasse preuve d’indifférence, voire de condescendance à l’égard des voix en devenir, des errances inhérentes à l’expérimentation littéraire, des certitudes prématurées et des doutes inhibitifs…
Or c’est précisément à l’accompagnement de ces avancées et de ces repentirs, de ces résolutions et de ces découragements, de ces fulgurances et de ces ratages, inextricablement mêlés dans l’ouvrage, que je puise ma propre énergie d’écrire et de fictionner.
Je crois par ailleurs profondément aux vertus d’un dispositif susceptible à la fois de ménager la solitude de l’écrivain et de briser son isolement. Nous avons tous besoin par moments d’un œil critique autre que celui dont nous nous sommes dotés en propre. Mais nous avons besoin que ce regard critique participe d’une empathie susceptible d’entendre nos singularités, de se placer de leur point de vue ; de nous accompagner, et non pas de nous envahir, ou de nous entraîner.
Le plaisir de l’accompagnateur en écriture (comme on dirait par exemple « en moyenne montagne ») consiste en ce pas de côté qui le conduit à se placer du point de vue d’autrui et, l’interrogeant à cette occasion, de s’interroger lui-même sur la place d’autrui dans sa propre écriture.
S’il n’est aucun moyen d’apprendre à Arthur à devenir Rimbaud, il en est par contre d’envisager la pratique artistique de telle façon qu’elle résiste effectivement à l’atomisation sociale et au culte des élites. Je crois profondément à la capacité du collectif de renforcer (et non pas d’émousser) les singularités. Et c’est, je pense, un juste retour des choses que le collectif auquel se destine par nature l’écrit pour le théâtre soit, à sa naissance même, accompagné par un autre collectif. Car c’est toujours à une commande implicite de l’assemblée (à venir) qu’obéit le dramaturge à l’instant de se mettre à l’ouvrage.
Il s’agissait donc pour moi, à l’invitation de la SSA et de «textes-en-scènes», d’accompagner durant ces quelques mois de 2006 quatre cheminements inédits, quatre quêtes singulières. Personne, en littérature, ne trouve jamais ce qu’il cherche, tout le monde « rate », et ce pour l’excellente raison qu’il n’y a pas de « cible ». Toute l’histoire de l’art fait une épopée magnifique du «ratage». C’est parce qu’il a « échoué » à raconter l’histoire de Benjy, dans la première partie de «Sound and Fury», que Faulkner entreprend les suivantes et compose l’un des romans majeurs du XXe siècle. N’importe qui, disait Jean Paulhan, peut pousser devant soi, comme un troupeau d’oies, un certain nombre de chapitres (mettons de scènes). N’importe qui peut « réussir » une pièce de théâtre… Le ratage témoigne beaucoup mieux que la « réussite » de la terrible et paradoxale grandeur de la condition humaine. «En plein dans le mille» est un cliché – allez donc décrire le trajet d’une flèche qui s’égare dans la nature… Il faut ouvrir des voies, s’inventer une voix, «prendre sa plume et ses risques» (Faulkner, encore). Processus d’invention, couru de décadrages, d’égarements, d’intranquillité et de pensée contre les «règles de l’art» et contre… soi-même («accompagnateur» inclus).
«Nous œuvrons dans le noir, nous faisons ce que nous pouvons, nous donnons ce que nous avons. Nos doutes sont notre passion et notre passion réside dans notre tâche. Le reste est la folie de l’art…» (Henry James, «The Middle Years»)

ENZO CORMANN

ODILE CORNUZ
Cicatrice

«Pièce de femmes», «pièce générationnelle», Cicatrice l’est, bien sûr, mais là n’est pas son propos. Malgré la misère qui émane des personnages, dans le creux des phrases la poésie point, à peine ébauchée, disparaissant sitôt qu’on veut la saisir, tache aveugle éternelle dans le champ de vision des protagonistes. Le temps roule, les générations s’entassent et se décomposent, terreau mystérieux d’où émanent des rêves avortés. Outre qu’elle n’est pas une pièce à thèse, Cicatrice raconte une histoire. Sa facture est parfaitement classique. Ses étincelles proviennent de frottements particuliers, ceux de la banalité et de la poésie, de la puanteur et de l’amour, de l’humour bête et d’une langue cristalline. C’est dans sa finesse que le texte s’avère abrasif, inconfortable, voire révoltant.


JÉRÔME JUNOD


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JULIE GILBERT
My Swiss Tour

Un couple. Ils sont encore jeunes, trente ans. Encore la vie devant eux. Jean et Anne-Marie. Ils viennent de s’installer dans un immeuble récemment construit. Une grande barre de logements. Quatre-vingts appartements. Cent quatre-vingt-quatorze enfants. Trente nationalités. En s’installant, alors qu’ils n’ont jamais voulu être d’ici, alors qu’ils n’ont jamais voulu arborer les couleurs helvétiques, ils deviennent Les Suisses de l’immeuble. C’est là que commence le tour de cette Suisse miniature, à partir de cette cour triangulaire, quand Jean et Anne-Marie décident de photographier les habitants et de recueillir leurs témoignages. Mais progressivement, les récits des arrivées et les modes de vie de ces gens vont les envahir et les faire douter de leur propre identité… Ne sachant dès lors plus comment vivre dans leur propre pays, ils optent pour l’exil. Une plage mexicaine, une vraie terre indienne, enracinée, qui, espèrent-ils, va leur permettre enfin d’exister…


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VALÉRIE POIRIER
Loin du bal

Dans une maison de retraite, on s’apprête à fêter les cent ans de Mme Anchard. Arrive un homme à la recherche de son père. Adopté à la suite d’un malentendu par un des vieillards, il changera, pendant un court laps de temps, l’absence d’espoir en mouvement de vie. Mais d’étranges animaux commencent à peupler le lieu et soudain la fête bascule dans l’inhumanité sous l’œil des caméras de télévision chargées d’immortaliser le jubilé de la centenaire.


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NADÈGE REVEILLON
Vénus vocero

Avant-première de Vénus.
Le 24 février 2007
au Théâtre de Saint-Gervais, à Genève
Mise en lecture : Agnès Boulmer
Avec: Silvia Barreiros – Myriam Boucris – Nathalie Cuenet – Céline Goormaghtigh


Création de Vénus.
Du 3 au 20 avril 2008 au Studio du Théâtre des Osses, à Givisiez
Mise en scène: Gisèle Sallin
Costumes: Fabienne Vuarnoz
Lumières: Jean-Christophe Despond
Régie: Yan Benz
Maquillage et coiffure: Katrine Zingg
Avec: Marika Dreistadt – Anne Jenny – Raïssa Mariotti – Emmanuelle Ricci
Une production du Théâtre des Osses – Centre dramatique fribourgeois

Vénus, la plus grande voix au monde, vient de s’éteindre. Un quartet de voceratrices est invité à exécuter sa déploration. Un rituel polyphonique évolue sous nos yeux. Les langues se délient, les vérités éclatent, les croyances s’effondrent. Facette après facette se dessine un portrait complexe qui nous entraîne au cœur d’une voix, au cœur d’une femme. Vénus nous convie à une commémoration inquisitoire, à un chant funèbre postmoderne.



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