camPoche 42


MICHEL VIALA

Poésie choisie

Poésie
2009. 170 pages. Prix: CHF 14.–
ISBN 978-2-88241-255-3


Biographie

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Et moi le fou qui écrit ce poème
Sais-je seulement si les mots m’aiment
Je parle mais c’est le vent qui me mène
À tournoyer en la sottise humaine

Son œuvre poétique est l’écho d’impulsions tout à fait indépendantes, sauvages même. Viala écrit alors par besoin naturel, il écrit comme il respire, pour cracher ce qui lui pèse, pour libérer des fantasmes dangereusement envahissants. Il y a chez lui une dialectique exemplaire: d’un côté il est l’artisan, le professionnel du théâtre, de l’autre le créateur solitaire, l’écorché vif, pour qui écrire est une nécessité organique.

FRANÇOIS ROCHAIX


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Les Éditions Campiche sortent «Poésie choisie», un recueil de poèmes de l’artiste qui vit paisiblement à l’EMS du Petit Bois.

Les autres histoires de l’auteur Michel Viala Mais ça, c’est une autre histoire… Le refrain qui ponctue le flot de paroles captivantes de Michel Viala laisse un doute dans l’esprit de celui qui l’écoute pour démêler le vrai du faux. Un inventeur d’histoires, c’est cela. La sienne se passe aujourd’hui à l’EMS du Petit Bois, à Cransprès-Céligny. Dans sa chambre, le poète de 76 ans a recouvert les murs des traces de son passé et de ses inspirations. L’anarchie de Léo Ferré côtoie le destin posthume de la prostituée Grisélidis Réal. Près de l’entrée, trône un portrait de Richard Bohringer, dessiné par Michel Viala. Sur le tableau, le célèbre acteur a écrit: C’est beau une ville la nuit. Bienvenue dans l’univers de Viala. Le poète a écrit plus de cinquante pièces de théâtre, des scénarios et des poèmes.
Aujourd’hui, Poésies choisies vide ses fonds de tiroirs. Il s’agit en partie de poèmes déjà parus en 1989 au Editions pEX, dans un ouvrage désormais épuisé. D’autres textes sont des inédits, conservés jusqu’ici par sa fille. Des débuts dans la mode. Genevois de naissance, Michel Viala entre dans le monde du spectacle par la porte des Beaux-Arts.
Avant cela, il passe par les arts industriels, l’équivalent des arts déco aujourd’hui. Je voulais entrer en section pub, mais il n’y avait plus de place, racontet-il. Je me suis retrouvé dans la mode… Éclats de rire. Pour ce baroudeur, toute expérience a été bonne à prendre.
Après avoir vécu la rue, les théâtres et même Hollywood, il se repose à Crans. Vous voulez savoir comment je me suis retrouvé ici? J’avais un appartement et je voulais qu’on me foute la paix. Un jour, ma fille est arrivée pour le dîner, et je mangeais un bout de pain et un oignon. Le frigo était vide. Elle m’a dit «on va trouver une solution». Je suis arrivé ici, j’ai vu la verdure, et je me suis installé. De l’EMS où il vit, il cause comme d’un bistrot: la patronne est vraiment sympa! Elle sélectionne les coups de téléphone pour moi, car ça n’arrête pas. Par exemple, un type a appelé trois fois de suite pour avoir la marque de mon ordinateur… Des histoires comme ça, Michel Viala en a plein. L’auteur a écrit une pièce sur cet EMS: Petit bois. Ici, j’ai rencontré des gens très intéressants, précise-t-il, comme un ancien physicien du CERN. Il est décédé, mais sa femme m’amène régulièrement la revue du CERN. L’organisation scientifique lui a d’ailleurs inspiré un poème inscrit dans le recueil: Ces trous de matière /masses énormes /absorbent les chiens qui passent /ces vides dans ces hommes gris /ces larmes ces cris.
Quant à savoir quels sont ses coups de cœur pour le théâtre actuel, c’est difficile. Ça m’em... de privilégier certaines personnes... Il y a peu d’élus et beaucoup d’appelés. C’est une histoire de talent et de travail, ce n’est pas donné. Il faut se découvrir un style, fabriquer vraiment quelque chose. L’écriture, ce n’est pas seulement des états d’âme. A propos de l’Institut littéraire suisse de Bienne, qui accueille ses premières volées d’élèves formés à l’écriture, Michel Viala s’exprime sans détours: c’est une imbécillité totale! On n’apprend pas à être écrivain. On apprend à écrire comme tous les enfants. Et après, on apprend à penser. Si aujourd’hui il se consacre principalement à la peinture, dans sa chambre de Crans, les projets d’écriture continuent d’exister. J’ai écrit une pièce qui s’appelle Bouchons. Les personnages sont pris dans les embouteillages et finissent par piller des villas et vider les frigos... Michel Viala continue de vivre dans un tourbillon créatif incessant. Je n’ai pas peur de la mort, mais il ne me reste pas beaucoup de temps à vivre. Et comme chante Ferré, «avec le temps, va, tout s’en va /Même les plus chouettes souv’nirs». Tous les matins, Michel Viala fait du Taïchi, pratique qui l’a d’ailleurs amené à partir au Japon.
Ça c’est une histoire vraie, précise-t-il.

CÉCILE GAVLAK, La Côte


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Mots urgents

Acteur, écrivain de théâtre, scénariste, Michel Viala est aussi un poète majeur. Comme nous le rappelle très intelligemment Poésie choisie, petite anthologie que publie Bernard Campiche en sa collection camPoche. Sublime écriture de l’amour, de la femme, et sublimation de la désillusion. Mots urgents, mots lâchés, dans cette nécessité poétique de marquer le réel au fer rouge du langage.

JACQUES STERCHI, La Liberté


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Michel Viala à La Tournelle

Un poète anarchiste

Pour un public à vrai dire un peu maigre samedi passé venu entendre le dramaturge, écrivain et poète genevois Michel Viala lire des morceaux choisis de sa poésie, publiée chez Bernard Campiche et en présence de son éditeur. Si l’on concevait le dessein de rencontrer un anarchiste de toujours, la lecture de samedi aurait comblé tous les souhaits. Maugréant contre l’ordre établi et le «penser correct», fustigeant la disparition dans les médias des créateurs au profit des commentateurs, l’enfant de Genève a lu. Mais il a aussi beaucoup parlé. «Je me souviens, à l’époque de la construction des tours du Lignon [n.d.l.r.: quartier périphérique de tours construites dans les années 1960 sur la commune de Vernier aux portes de Genève], je squattais dans le coin. Et des bandes de jeunes se combattaient alentour. J’ai voulu leur rappeler que si l’ordre en soi ne veut rien dire, il faut quand même laisser vivre son voisin en paix. Ça m’a valu d’être nommé ”chef” de l’insurrection contre les promoteurs», avouait Viala qui d’ailleurs, quelques années plus tard, fera mourir un promoteur dans l’une de ses pièces, en forme sans doute de souvenir grinçant.

L’écorcheur vif

À près de quatre-vingts ans, Viala reste en insurrection permanente. Il vit des combats qu’il livre maintenant plutôt par l’écrit ou la peinture que par l’action physique. L’écorché, ou plutôt l’écorcheur vif, est toujours bien présent. Sa poésie est tout entière composée en décasyllabes, «un langage proche de l’occitan, une forme plus rude et plus coriace qui convient mieux à mon propos que les alexandrins qui m’emmerdent», précisera Viala, qui avoue toutefois une grande admiration pour Corneille et Racine. Un homme d’interrogations et parfois de contradictions. Qui n’hésite pas à condamner le terrorisme visant des victimes au hasard, mais nettement moins sa forme visant «ceux qui le méritent». À travers les extraits choisis, les thèmes intemporels de Viala surgissaient tour à tour: le dégoût de la société de consommation et de ses «vitrines-aquariums», les dangers de certaines formes de costumes, au propre comme au figuré, «sous le voile se cache l’uniforme», la conviction que la justice sociale est un but primordial et inéluctable: «à partager on vous obligera, à rendre ce que vous avez volé aussi». Des clins d’œil forts datant d’une trentaine d’années au moins, mais qu’en 2020 d’aucuns, grands patrons ou traders de haut vol, auraient peut-être intérêt à méditer entre deux bonus.

Le vécu

Et Viala de s’interrompre pour délivrer l’une de ses innombrables anecdotes vécues: «J’ai en son temps traduit Tchekhov du russe en français. Il paraît que la traduction était bonne et la Délégation de Russie à Genève m’a invité pour me remettre un prix. Durant la cérémonie, ils ont insisté pour que je leur confie en plus les clés de ma voiture, ce que j’ai finalement fait. En rentrant, j’entendais de drôles de bruits dans le coffre. Arrivé dans le quartier des Grottes, j’ai ouvert le coffre et découvert qu’ils l’avaient rempli de kilos de caviar et de litres de vodka. Qui furent consommés sur place à la louche, dans une fête telle qu’il fallut donner d’impossibles explications aux pandores sceptiques accourus illico.»

Si on ne l’a jamais lu, il faut le découvrir. Et notamment dans le dernier ouvrage de poésie paru chez Campiche.

OLIVIER GFELLER, L’Omnibus


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Extraits (Acrobat, 124 Ko)


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