ASA LANOVA

LES HEURES NUES

2011. 160 pages. Prix: CHF 32.–
ISBN 978-2-88241-286-7


Biographie

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Blues de l’aube

Les heures nues, que désigne le titre du dernier récit autobiographique d’Asa Lanova – peut-être bien l’un de ses plus beaux du point de vue de la musique des phrases –, sont celles de la lucidité de plus en plus aiguë qui nous vient, avant l’aube, au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. La sourde angoisse, liée au vieillissement, de celle qui a connu la «grande obsession» de l’érotisme, ne trouvera d’exorcisme que par les mots, réunis ici en longs colliers de phrases splendides, dont le déploiement proustien contraste cependant avec l’étroitesse du «théâtre» investi en l’occurrence, entre le lit couvert de chats de la narratrice, le jardin où la porte sa première rêverie matinale, la «chambre aux mots» où la ramène la discipline «quasi militaire» de l’écriture, les allées enfin de ses souvenirs.
À ceux-ci est associé un amour-passion passager vécu dans la prime jeunesse avec Maurice Béjart, visiblement exalté à proportion de l’aura de celui-ci, entre fantasme de l’âge et retour à la cruelle réalité, puisque «Satan» ne répond pas vraiment. La remémoration d’un autre lien, à la fois littéraire et affectif, avec l’éditeur et écrivain Georges Belmont, dégage une bien plus réelle émotion alors que «Maestro», comme la disciple le surnomme, s’approche de sa propre fin.
Une dernière étreinte avec un certain Stanislas de passage, aussi intense que brève, et sans lendemain, marquera-t-elle le terme d’une vie hantée par la hantise du sexe? Ce qui est sûr est que les plus belles pages de ce livre ne sont pas celles que tisse ce remugle d’érotisme solitaire, mais celles qui se vouent à la célébration de la simple vie, des animaux entourant leur sorcière bien-aimée, des oiseaux, des aubes pures et des nuits de solitude de la narratrice tissant sa toile, à l’encre violette, avec une grâce arachnéenne.

JEAN-LOUIS KUFFER, Le Passe-Muraille

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En fragile équilibre, entre le souvenir d’un amour fou et le besoin de contacts charnels, une femme lutte contre le déclin du corps et l’envie obsédante du suicide.
Dans un insistant décor bleu, le simple désir de durer l’amène à une communion avec les bêtes et les plantes. Son style nerveux, dense, traduit les aléas de cette existence qu’elle a brisée et dont elle essaie péniblement de recoller quelques bribes.
Et c’est dans l’écriture qu’elle trouve la difficile raison de survivre.

JULIETTE DAVID, Suisse magazine

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Une femme se retourne sur son passé, revivant les éblouissements, mais aussi les déchirements de son adolescence. Très jeune vouée à une brillante carrière artistique, elle fera des débuts prometteurs à Paris, puis, en proie à un mal de vivre insurmontable, à une hantise de n’être pas à la hauteur de ce qu’on attendait d’elle, elle se réfugiera dans une succession de fuites incompréhensibles et dont elle sortira meurtrie à tout jamais. Un premier amour domine ce livre, vertigineux, inoubliable. Enfin, pour se guérir de ses blessures, elle choisira une solitude quasi monacale et, de là, durement naîtra l’écriture, qui deviendra son exutoire, sa survie. Au moment où commence le récit, la narratrice s’interroge sur l’emprise du Temps sur elle, se refusant à admettre ce que néanmoins elle sent la cerner de toutes parts, ce déclin qu’elle renie farouchement, se raccrochant au «dur désir de durer» qui la maintient en vie. Dans cette solitude à la fois assumée et parfois mal vécue, retournée à la maison de son enfance elle se découvrira une nature de terrienne, une passion fusionnelle avec les bêtes, et un attachement viscéral à un jardin que, par l’espèce de fatalité qui lui fit perdre tout ce à quoi elle tenait le plus, elle craindra d’en être arrachée comme il en fut fait de sa mère. Mais, en dépit de ce déclin auquel elle se refuse de toutes ses forces, elle conservera, obsessionnelle, la recherche de passions charnelles qu’elle vivra malgré la perte de l’être aimé à la folie. Éros contre Thanatos. En dépit de certaines de ses pulsions délétères, ce récit révèle une furieuse envie de vivre envers et contre tout. Avec, tenace, irréductible, la volonté de rester debout jusqu’à la fin.

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Vivre… à mort

Le temps d’un soliloque, une femme enroule et déroule le ruban de sa vie, sachant que celle-ci se rapproche de la fin. Seule, la faim de vivre accrochée au cœur et au corps, elle livre bataille au temps qui passe, l’écriture pour toute arme; elle croise le fer avec le déclin, les pertes, et ce vide amoureux qui la ronge. Entre chambre aux mots et jardin, entre chats et chien, elle met en prose ce désir de durer, attendant l’homme à l’aura bleue. Éros contre Thanatos. Mots contre maux. Les heures nues, entre nuit et aube, où l’on meurt un peu, contre la renaissance du jour. L’affrontement des contraires, tout ce qui fait une vie mortellement intense.
Si la Lausannoise sait danser avec les mots, ses digressions naturalistes, trop pointillistes, pèchent par leur exhubérance, leur parfum entêtant. Le trop est l’ennemi du bien.

MMG, Femina

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Les déchirures de l'amour-passion

Quelle amoureuse! Des hommes, des chats, de l’écriture, et surtout de l’amour lui-même. Ce nouveau récit de l’envoûtante Asa Lanova nous rappelle avec vigueur quelle magnifique écrivaine de la passion l’ancienne danseuse née à Lausanne est avant tout. Écrit à la manière d’une litanie ou d’une dernière prière avant de dormir, élégiaque et contemplatif, Les Heures nues plonge dans l’actuel «dur désir de durer» de la femme solitaire dans sa maison de Pully au vert jardin, et se souvient des heures chaudes de la passion. Émergent deux figures tutélaires qui meurent en cours d’écriture: celles de Maurice Béjart, indépassable amour d’une vie, et de Georges Belmont, son maître en écriture, traducteur et ami de Henry Miller. Frémissante, mademoiselle Asa raconte l’irruption dans son antre d’un chat sauvage et d’un dernier amant qui ravive sa nostalgie de l’Égypte. Belle et raffinée, progressant par glissandi mélodieux, la langue de ces Heures nues évoque assez miraculeusement autant la peur viscérale de la fin que l’étonnement devant chaque aube qui survient.

ISABELLE FALCONNIER, L’Hebdo

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Tout est là, dans ce livre évoquant à la fois le temps qui passe, toujours plus cruellement, drapé de solitude et de regrets, et l’amour, la passion, la danse exigeante des corps qui illumine et justifie tout. Refusant l’apitoiement comme le renoncement, l’écrivain tisse une longue et prenante mélopée, un attrape-rêve dont les fils soyeux retiennent le souvenir de grandes amours perdues – dont Maurice Béjart – et d’Alexandrie désormais si lointaine, mais aussi une admiration lyrique pour la vie et la nature. Un ultime amant viendra-t-il, signant la victoire d’Éros sur Thanatos?

JOËLLE BRACK, L’Hebdo, Sélection Les Meilleurs Livres de l'été

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La romancière lausannoise exorcise son angoisse du vieillissement dans une prose de toute beauté.
Au fil de longues phrases enveloppantes et sensuelles et puissamment évocatrices, Asa Lanova poursuit ici une lutte acharnée contre la fuite du temps que le souvenir d’un amour-passion exacerbe, entre fantasme exalté et retour à la cruelle réalité. Une dernière (?) étreinte, aussi violente que brève, et sans lendemain, marquera-t-elle la fin d’une vie hantée par l’obsession érotique? Ce qui est sûr est que les plus belles pages de ce livre sont vouées à la célébration de la simple vie, des animaux entourant leur sorcière bien-aimée, des oiseaux, des aubes pures et des nuits de solitude de la narratrice tissant sa toile, à l’encre violette, avec une grâce arachnéenne.

JEAN-LOUIS KUFFER
, 24 Heures

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Rester debout, malgré tout

Asa Lanova se décortique une fois de plus dans Les Heures nues, sorte de confession romanesque. On y retrouve la passion pour la danse et le brutal abandon de la scène dans sa jeunesse. Les années passées à Alexandrie. La sensualité brûlante et la passion de l’écriture. Mais Les Heures nues, c’est surtout une belle et cruelle réflexion sur la vieillesse qui s’installe. Sur l’ultime amant. Sur la mort. Celle du poète admiré, le «Maestro». Celle de l’artiste adulé, Maurice – Béjart bien sûr.

La force de ces Heures nues réside dans sa construction obsessionnelle. Il y a la maison où l’écrivaine réside solitaire. Les animaux: le chien du désert autrefois recueilli en Égypte et dont la mort nous vaut deux pages d’une bouleversante émotion; les chats surtout, dont les descriptions sont d’une justesse époustouflante. Et puis le jardin, ce lieu de vraie vie, de méditation, d’observation, de sensualité qui traverse les saisons que sait si bien décrire Asa Lanova. Dans une ritournelle douce-amère tout revient, jardin, chien et chats, maison… La mort viendrait-elle lentement? Et pourtant Asa Lanova conclut par l’affirmation de rester debout, malgré tout, apaisée par cet ultime amant qui a fini par sonner à sa porte…

JACQUES STERCHI, La Liberté

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«Je cuisine pour mes chats»

Un cri d’amour à la vie: c’est ainsi que résonne Les Heures nues, le dernier roman d’Asa Lanova. Rencontre chez l’auteure, dans un écrin de verdure et de souvenirs.

Rencontre.


Pully. Une maison au cachet suranné, entourée d’arbres et presque complètement recouverte de vigne vierge. Devant un portail en fer forgé, Asa Lanova nous accueille, sourire aux lèvres: «C’est moi-même qui ai planté cette vigne vierge, lance-t-elle fièrement. Vous voyez, j’ai la main verte!» Cette maison appartenait à ses grands-parents. Elle y a vécu les meilleurs moments de son enfance: «J’y suis très attachée, car elle est peuplée de souvenirs.» Après un tour du propriétaire elle nous guide à l’intérieur, où chaque objet, chaque meuble raconte son histoire née, souvent, sous le ciel d’Orient.

Enfance

Née d’un père architecte et d’une mère fleuriste, Asa Lanova a surtout été élevée par ses grands-parents paternels. «Mes parents m’ont eue très jeunes, ma mère avait dix-huit ans, raconte-t-elle. Ils aimaient aller au bal et faire la fête avec les copains. De ma mère, je garde l’image d’une superbe créature, en robe de soirée, et qui disparaissait le soir.» Mais la grande maison familiale a aussi été le témoin de scènes épiques. «Ma mère et ma grand-mère se détestaient. Je me souviens d’éclats de voix qui venaient des caves. C’est sans doute de là que j’ai hérité le goût du drame. À quatorze ans, je mettais parfois une des robes de soirée de ma mère et je déclamais du Racine.» Enfant unique, Asa Lanova a un cousin célèbre: Freddy Buache, «un homme merveilleux, que j’adore. Un vrai battant.»

Solitude

La solitude est un thème très présent dans Les Heures nues, le dernier roman d’Asa Lanova. «Je crois que déjà petite fille j’étais une solitaire. Ce besoin de solitude est peut-être aussi une des raisons qui m’ont éloignée du monde de la danse.» Mais cette solitude lui pèse parfois: «À force de la rechercher, on a parfois de la peine à en sortir. C’est comme un piège qui se referme sur vous. Les gens finissent par en avoir assez de cette créature qui ne répond jamais au téléphone, qui ne sort presque pas.» Cela dit, elle n’en a pas perdu ses amis pour autant: «Ils savent que je les aime. Si je les appelle, ils seront là.» Donc, la solitude comme un refuge rassurant, mais... «accompagnée quelquefois de moments de grande angoisse. Je suis quelqu’un de très angoissé.»

Vieillesse

«Je déteste le mot vieillesse! Non pas par coquetterie, mais parce que je trouve plutôt que l’on grandit. Je pense qu’à partir d’un certain âge il faut résister à tout prix. Il faut utiliser une sorte d’aïkido mental qui aide à ne pas se laisser déchoir. Personnellement, je ne sais pas ce que veut dire “vieillir”. Je vois bien que mon corps n’est plus comme avant, mais je n’en fais pas un drame. Ce qui me semble essentiel, c’est de conserver une fraîcheur d’âme.»

Cuisine

«La cuisine n’est pas mon fort. Il m’arrive d’avoir des crises de petite bonne femme, alors je fais des confitures.» Par le passé, Asa Lanova aimait s’entourer d’amis et leur faire la cuisine. «Après, je suis devenue tellement sauvage que je n’invitais plus personne. Et pour moi, je ne fais pas de plats très compliqués mais j’adore mettre des herbes aromatiques dans tout!» Vouant une véritable passion aux animaux, Asa Lanova ne rechigne pas à mettre la main à la pâte pour eux: «J’ai longtemps vécu en Égypte. À Alexandrie, je préparais d’énormes casseroles pour les chiens du désert. Aujourd’hui, je fais la cuisine surtout pour mes chats. J’en ai huit!»

Jardin

Dans le jardin d’Asa Lanova, tout est calme et beauté. «Ce jardin que j’adore est mon exutoire. C’est quelque chose qui me rafraîchit l’âme.» Comme elle le souligne, ce nid de verdure est aussi le refuge de toutes sortes d’animaux, d’insectes et d’oiseaux. Grands arbres, rosiers et plantes rares – comme cette passiflore qu’elle a plantée il y a quatre ans – y cohabitent dans une harmonie de parfums et de couleurs. «La plupart des arbres ont été plantés par mon grand-père. De les voir desséchés me rend triste. C’était un fils de paysan et un sage. Il m’a appris des tas de choses importantes qui ont trait à la terre. Quand je vais mal, je viens ici pour me régénérer.»

Roman

Les Heures nues est le récit d’une femme qui se retourne sur son passé, qui en revit les moments les plus lumineux comme les déchirures les plus douloureuses: «À part quelques petits détails, ce roman est totalement autobiographique. Il s’est imposé à moi comme une nécessité. Ce fut comme une longue naissance. Peu à peu, les choses ont pris forme, parfois dans la souffrance, et j’ai compris que ça allait devenir un roman.»


Portrait

Parcours

Asa Lanova est née en 1933, à Lausanne. À seize ans, elle part en Angleterre suivre des cours de danse. «J’y ai surtout appris l’anglais!»

Danse

À dix-sept ans, elle monte à Paris pour poursuivre une carrière qui s’annonçait brillante. Engagée comme soliste aux Ballets de l’Étoile, elle a pour partenaire Maurice Béjart. Il danse Hamlet et elle, Ophélie.

Maurice Béjart

«L’Unique grand amour de ma vie. Maurice n’est pas mort, il s’est réincarné. La mort définitive n’existe pas. C’était un homme très exigeant mais aussi d’une grande sensibilité.»

Alexandrie

Elle y a vécu quatre ans et, selon ses propres dires, elle est «tombée en amour avec cette ville». «Je vis à Pully mais, sentimentalement, je suis restée à Alexandrie.»

Animaux

Elle les adore. D’Alexandrie, elle avait ramené cinq chiens et six chats. Aujourd’hui, elle a huit chats – «ce sont mes petits tyrans» – dont quatre sont d’Alexandrie.

Écologie

L’écologie est primordiale pour elle. «Malheureusement, trop peu de gens s’y intéressent. Personnellement, je condamne farouchement le port de la fourrure!»

JEAN PINESI, Coopération


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