NATHALIE CHAIX

EXIT ADONIS

roman
2007. 180 pages. Prix: CHF 32.–
ISBN 978-2-88241-194-5

Prix Georges-Nicole 2007


Biographie

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Un homme n’aime pas une femme et la fait souffrir. C’est l’histoire de cette femme qui commence par être éblouie, puis se protège de l’éclat de cet homme. Mais il est trop tard, même si la femme ne s’en laisse pas conter. Elle a contre elle la maîtresse de cet homme, qui s’appelle héroïne. Et pour elle, le temps qui passe. En cinq ans, le charme s’effacera, les blessures se cicatriseront, la lucidité se fraiera un passage.
Au début, il y a la fascination. À la fin, le chagrin. Entre ces deux moments, un roman parle de l’amour à l’aube du vingt et unième siècle. Non pas une lamentation solipsiste ou un récit à la première personne seulement, mais un roman à deux voix au moins. Grâce aux petites phrases de l’amant, sa voix propre se fait entendre aussi. Celle de la narratrice lui répond, s’impose par sa sincérité, par son style.
La longueur des phrases n’a pas besoin d’être raccourcie à tout prix. Mais la littérature, quand la trame croise celle d’un festival de cinéma, est aussi confrontée à une accélération rythmique et à l’usage répété des ellipses. La langue ne vit pas hors de cette contamination, de ces hachures. Qui sait s’en servir réussit une œuvre. C’est la réussite du premier roman de Nathalie Chaix.

DANIEL DE ROULET

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Chère Nathalie Chaix,

Un homme n’aime pas une femme et la fait souffrir. C’est l’histoire de cette femme qui commence par être éblouie, puis se protège de l’éclat de cet homme. Mais il est trop tard, même si la femme ne s’en laisse pas conter, se bat. Elle a contre elle une rivale qui s’appelle héroïne. Et pour elle, le temps qui passe. En cinq ans, le charme s’effacera, les blessures se cicatriseront, la lucidité se fraiera un passage.
Chaque siècle raconte l’amour à sa manière et le vit différemment. Ce que nous croyons être éternel n’est parfois que culturel et ce qui peut nous sembler singulier n’être que la répétition d’un mythe antique. Nous avions la certitude de vivre une aventure unique et nous ne répétions que des clichés.
Ça ne ternit en rien l’éclat de la première rencontre. Au temps de la princesse de Clèves, on parlait du premier regard. Puis les romantiques ont évoqué l’envoûtement, les réalistes l’attirance physique. Le vingtième siècle a tiré tous les registres de l’orgue à sentiments, depuis le sexe supposé à l’état pur jusqu’aux arcanes du New Age, en passant par les dérèglements les plus pervers.
Il y a toujours une rencontre au début et une séparation à la fin. Sur ce schéma banal se construisent les variations du roman d’amour. Un genre dont quatre cents ans de littérature occidentale n’ont pas encore épuisé les détours. Il se renouvelle sans cesse : quand le roman de gare disparaît, c’est le roman d’aérogare qui lui succède.
Mais malgré l’échantillon des recettes et les nombreuses analyses du genre, il arrive qu’un roman nous touche. Il arrive qu’un lecteur ou une lectrice tombe amoureux d’une histoire d’amour racontée dans un livre. Et quand ce lecteur amoureux du livre essaie d’expliquer pourquoi, il est aussi démuni que celle qui raconte les premiers instants de sa passion.
Dans une histoire de ce genre, on sait qui, quoi, comment, où, mais on ne saura jamais pourquoi. Pour s’expliquer, la narratrice utilise un mot qu’elle emprunte à Quignard. Elle dit fascination, un mot souvent utilisé par ceux qui décrivent ce premier stade de leur maladie amoureuse. Elle ne parle pas d’un philtre d’amour que les deux amants auraient bu ensemble, elle n’évoque pas un échange (un partenariat, comme disent les plus tristes), elle parle d’une captation à sens unique où l’autre lui ravit sa liberté. À plusieurs reprises, elle revient sur ce mot pour expliquer au lecteur la nature du piège où lui aussi va être enfermé par la lecture du livre.
L’autre mot qui émerge au fil des cinq années que dure le détachement amoureux, c’est celui de chagrin qu’elle emprunte à Céline. Elle le cite: «C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.»
Au début, il y a la fascination. À la fin, le chagrin. Entre ces deux moments, cautionnés par l’autorité des citations, un roman parle de l’amour à l’aube du vingt et unième siècle. Non pas une lamentation solipsiste ou un récit à la première personne seulement, mais un roman à deux voix au moins. Grâce aux petites phrases de l’amant, grâce à l’échange de courrier électronique, sa voix propre se fait entendre aussi. Ses tournures ampoulées, ses contorsions grammaticales disent en partie sa mauvaise foi, mais aussi son éloignement, le peu de fascination et de chagrin que provoque chez lui sa maîtresse.
La voix de la narratrice reste dominante, s’impose par sa sincérité, par son style. Elle dit: «La nostalgie est le temps que je conjugue le mieux.» Et aussi: «Mon foutu goût de l’impossible.» Ou encore: «Je ne supporte pas de te voir dans tous les films au cinéma.»
En vingt ans, à Hollywood, la durée moyenne d’un plan dans un film est passée de huit à deux secondes. La durée moyenne de notre attention à un plan cinématographique a donc été divisée par quatre. Personne n’est obligé de suivre Hollywood sur ce chemin et le roman contemporain a d’autres critères, d’autres astuces pour retenir l’attention du lecteur. La longueur des phrases n’a pas besoin d’être divisée par quatre. Mais la littérature, quand la trame croise celle d’un festival de cinéma, est aussi confrontée à une accélération rythmique et à l’usage répété des ellipses. La langue ne vit pas hors de cette contamination, de ces hachures. Qui sait s’en servir réussit une œuvre. Chère Nathalie Chaix, c’est la réussite de votre premier roman.

DANIEL DE ROULET, Laudatio, Prix Georges-Nicole 2007, Nyon, 24 avril 2007

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Chacun cherche son Adonis

C’est joli un écrivain qui naît. C’est frais, enthousiaste, piquant, ému, émouvant. La lauréate du Prix Georges-Nicole 2007, créé par Bertil Galland en 1969 et destiné à un écrivain n’ayant jamais été publié, s’appelle Nathalie Chaix.
Toute brune et noisette, née à Annecy il y a trente-quatre ans, grandie en Savoie dans le village de Viuz-en-Sallaz entre une mère ouvrière et des grands-parents paysans, elle est à Genève Madame-Promotion-Culturelle de la ville. Elle adore son job – au spectacle tous les soirs, une dizaine de personnes pour faire aller les petits vieux au cinéma, les jeunes au musée, les familles au concert. C’est Nathalie version face: souriante, disponible, bosseuse.
Elle a mis du temps à ouvrir son jardin secret, côté pile. Depuis ses quinze ans, elle écrit son journal. Sans rien dire à personne. Un atelier d’écriture en Avignon durant ses études lui donne le virus de l’écriture de fiction. À Genève, elle suit les ateliers d’Anne Brüschweiler. Révélation: «J’ai enfin pu assumer le fait d’écrire. Cela me semblait inaccessible. Comment écrire après Flaubert?»
Exit Adonis, son premier roman, naît à ce moment. Une histoire d’amour, malheureuse forcément, entre une femme, aussi grande que son mètre quatre-vingt-trois, entreprenante, sensuelle, et un bel inconnu à qui elle écrit des lettres anonymes, le traquant jusqu’à reddition totale de l’animal. Hélas, il ne sera pas amoureux, la rendra malheureuse, jusqu’à ce que, après cinq ans, elle se débarrasse enfin de son obsession. Vaguement autobiographique – elle a connu un peintre qu’elle nommait Adonis –, ce récit en fragments, habité, précieux, lyrique et aussi dansant que les battements d’un cœur amoureux, signe l’arrivée sur la scène littéraire d’une auteure parfaitement de son temps. On s’y écrit par mail, on séduit dans des cocktails culturels, on écoute François Breut, on cite Camille Laurens. Avec à-propos: «L’amour, c’est des mots.»
Il faut renoncer à son Adonis, nous fait comprendre dans le fond Exit Adonis. «Oui, mon livre parle du couple aujourd’hui. Je suis une trentenaire, mes amies aussi. L’amour n’est pas ce qu’on s’imaginait petites: les sentiments au quotidien, dans la durée, et en plus l’amour absolu. Ce n’est pas possible. Du coup, notre temps est celui de l’échec du couple dans la durée.» Vite dit, pour une fille qui a vécu le même couple de ses dix-sept à ses trente ans… Elle dit que le manque de père et de culture, petite, lui a donné un appétit énorme. De culture, d’amour. Elle espère très fort que l’écriture restera un désir, une envie plus forte que la discipline de l’écriture. Elle est en train de trouver sa voix, sur le trottoir ses boucles brunes dansent – elle en chanterait de bonheur, comme un écrivain qui vient de naître.

ISABELLE FALCONNIER, L’Hebdo

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Découverte. Le Prix Nicole récompense Exit Adonis de la Genevoise Nathalie Chaix.

La magie d’aimer passe par ce constat: nos histoires sont toujours un peu les mêmes. Mais la magie d’écrire l’amour passe par cette seconde évidence: c’est à chaque fois, intimement, autre chose, une façon à soi. C’est à cela que l’on pense en lisant le premier roman de Nathalie Chaix. Édité chez Campiche, Exit Adonis paraît auréolé par le Prix Georges-Nicole 2007, récompensant précisément un auteur encore jamais publié. Des lauriers qui ont leurs lettres de noblesse: Anne-Lise Grobéty, Jean-Marc Lovay, plus récemment Yves Rosset ou Jean-Euphèle Milcé.
Née à Annecy voici trente-quatre ans, responsable de la promotion des Affaires culturelles de la Ville de Genève, Nathalie Chaix raconte une passion. Elle le fait sous la forme d’un journal, cinq années de notations, de l’attente à la découverte, de la volupté aux chaleurs de l’étreinte, de la rupture aux solitudes pour exister sans imploser, tandis que l’aimé s’autodétruit et que l’on aime, encore.
Une écriture épurée, poésie dans la prose, une façon d’énerver aussi: une passion parfois aussi culturelle que cul, où l’on se fouille bobo-chic en écoutant une chanson de François Breut avant d’ouvrir un bouquin sur Théodore de Bry (qui ça?). Mais un charme neuf opère, une manière vénéneuse et vraie, une assumée façon d’oser: un style. Et donc un écrivain.

ISABELLE FALCONNIER, L’Hebdo

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Le Prix Georges-Nicole a pour but de débusquer des talents neufs: il récompense le manuscrit d’un auteur suisse ou vivant dans le pays, qui n’a encore jamais été publié. Il a permis de vraies découvertes: Jean-Marc Lovay, Catherine Safonoff, Anne-Lise Grobéty, Élisabeth Horem. La récompense est importante puisqu’il s’agit d’être édité, avec le soin que l’on sait, par Bernard Campiche. Certaines années, le jury renonce à décerner son prix si aucun écrit ne le séduit. En 2007, son choix s’est fixé sur un roman d’une jeune Genevoise, Nathalie Chaix. Exit Adonis parle de la fascination, celle «qui hypnotise et fascine sa victime», comme dit Pascal Quignard, appelé en exergue. Cinq années dans la vie d’une jeune femme pour se débarrasser d’un lien maladif (je t’aime, moi non plus). Ceux qui connaissent les milieux culturels genevois s’amuseront à mettre des noms sur les figures qui traversent ce récit très clinique. Les références artistiques amuseront aussi, c’est dans ce cadre que travaillent romancière et narratrice. Le texte a «grandi» en atelier d’écriture, il y a été poli, nettoyé, peut-être aussi desséché. Élégant mais un peu trop saturé de citations pour toucher.

ISABELLE RÜF, Le Temps

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Exit Adonis

Publiée au titre du Prix Georges-Nicole 2007, Nathalie Chaix, Genevoise de trente-quatre ans, affirme que la formule du roman-journal intime lui permet d’approcher la fiction. Cela a le mérite de l’honnêteté pour aborder cet exercice de style élégant mais convenu. La passion amoureuse, la fascination avant la crise, la déchirure, le regret érotique, mais le tout sans autre extrapolation, hélas. On salue l’évocation du personnage masculin, lunatique et dépendant, ainsi que l’élégance de ces fragments de prose, le rythme du vrai-faux-journal. On attend confirmation d’un talent pour une fiction qui ait du souffle.

JACQUES STERCHI, La Liberté

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Obsession amoureuse

«Pourtant le ravissement a eu lieu. Je suis capturée. Ignorant tout de ce que ce rapt signifie.» Coup de foudre, irrésistible désir: Exit Adonis s’ouvre sur une fascination, un éclair qui foudroie la narratrice et ne cessera de diffuser ses effets comme une toxique addiction. Amour, déraison, masochisme? Dans ce premier roman auréolé du Prix Georges-Nicole 2007 – récompense sur manuscrit pour un écrivain n’ayant jamais été édité – Nathalie Chaix raconte les jours d’une passion douloureuse sur le surnommé Adonis, et les étapes d’un sevrage amoureux qui a pris quelques années.
En une suite de brefs paragraphes – proses poétiques, lettres échangées – entre lesquels le blanc de la page ouvre des échappées de silence, la jeune auteure établie à Genève évoque la fusion des corps, la froideur de l’amour non partagé, les souffrances d’une désaccoutumance difficile, les rechutes. Et le deuil enfin, l’apaisement né d’une lucidité nouvelle: c’est parce qu’elle recherche son père, figure idéale et manquante, que la jeune femme s’est retrouvé piégée à ce point. Fascinée. Sur le quatrième de couverture, Daniel de Roulet rappelle que la fascination qui marque le premier stade de la passion amoureuse est un piège, et que le même piège attend le lecteur, «enfermé dans la lecture du livre»… Une réserve pourtant: si le livre a grandi «dans le cadre d’un atelier d’écriture» et se lit d’une traite, son style si maîtrisé, retenu et poétique, manque parfois – paradoxalement – de chair.

ANNE PITTELOUD, Le Courrier

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«Je vous attendais…»
Le Prix Georges-Nicole a été attribué à Nathalie Chaix pour «Exit Adonis».
L’amour, et plus loin.
Quelle est cette histoire qui commence, quelle est cette phrase au rythme vif, presque happée, qui s’avance et qui dans un instant va désigner ce premier moment: «La première lettre rouge avec simplement ces mots-là: «Quand on vous voit.»
Dans l’allée du premier livre de Nathalie Chaix (dont le manuscrit a été choisi par le jury du Prix Georges-Nicole parmi quelque soixante textes), dans cet Exit Adonis, les brefs chapitres, datés à la manière d’un journal, et où se croisent les voix, courent sur cinq années.
Le temps, superbe, d’un amour qui prend forme dans la chair des mots et du désir, cet amour qui prend nom, Adonis. Un amour qui croît. Et qui plus tard, prend ses distances, douloureusement se retire.
«C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir.» C’est vers cela, qui est une phrase de Céline, que chemine ce roman.

JEAN-DOMINIQUE HUMBERT, Coopération

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L’amour, une éternelle histoire liée au chagrin

Exit Adonis, c’est l’histoire d’un coup de foudre non partagé, mal assumé et mal assuré. Une femme aime un homme. Elle lui envoie des lettres anonymes et des courriels enflammés. Après la phase épistolaire, le couple se rencontre, s’aime physiquement. Avant les je t’aime, l’homme s’éloigne. Mais l’amour chez la femme ne disparaît pas, comme ça sur un claquement de doigts. Durant cinq ans, elle pense à lui. Exit Adonis est un roman charnel et sensuel sur le manque d’engagement et dans lequel la passion est à sens unique. Ce premier roman (Prix Georges-Nicole) dévoile une belle force littéraire, quelque chose qui a à voir avec le désespoir et la rage.

CONTESSA PIÑON, La Côte

Exit Adonis

Se lever un matin. Un matin comme les autres.
Et pourtant.
Ce sera celui d’une rencontre. De LA rencontre.

Nathalie Chaix signe ici son premier roman.
Fascinant.
L’histoire d’une admiration qui laisse vite place à la dépendance, au bruit de l’absence, de l’abstinence.
Les premiers mots, les premiers regards pour l’autre sont un monde qui s’ouvre, l’exploration annonçant l’infini d’un univers neuf, intact, presque irréel.

Et pourtant.
La fascination rythme les respirations. Déchire. Étouffe. Avale.
Les caresses, les étreintes se perdent dans les silences de celui qui pourrait tant la combler, la rendre légère, enchanter ses heures et ses nuits. Il le sait, lui, depuis le premier jour, qu’il n’y aura pas d’amour, qu’il n’y en a jamais eu.

Et pourtant.
Elle attend, elle espère. Et les jours qui s’étirent font d’elle une martyre.
Elle attend, elle désire. Elle LE désire. Dans son corps, dans sa vie. Dans ses jours et ses nuits. Contrainte contre ses rêves de «jouer l’amitié tranquille». Mais ce n’est pas ce qu’elle souhaite. De jour en jour, de mois en mois, elle se morfond, en manque de la drogue de sa peau, de ses mots qui n’existeront pas. Et le calendrier s’enfonce dans le temps.

Et pourtant.
Elle sait son espoir naïf, dévoreur, engloutisseur de liberté.
L’auteure nous tient en apesanteur, dans le piège de sa perte, de sa lente démolition dans cet amour sans retour. Démunie. Désarmée.

Et pourtant.
«Où que tu sois dans le monde, je pense à toi»…

Un récit qui se lit avec avidité et qui creuse son empreinte en nous.

DENISE MARTIN, À tire d’elles

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