THIERRY LUTERBACHER

Le Splendide Hasard des pauvres

Roman
2003. 180 pages. Prix: Fr. 32.–
ISBN 2-88241-128-6, EAN 9782882411280


Biographie

Avec ce récit articulé en deux strates autour des affres d’un écrivain miné par la célébrité, l’auteur s’affirme dans la voie d’une écriture originale, ramassée comme «un cri de rage et de colère» qui claque et explose à chaque page. Le verbe y est charmeur, caustique, sarcastique; un ton sombre singulièrement éloigné du lyrisme baroque du Cerisier dans l’escalier.

CATHERINE FAVRE, Journal du Jura .-. Interview (Acrobat, 32KB)

Le héros du Splendide Hasard des pauvres a beau se prénommer Youri, comme Gagarine, le premier homme qui est allé dans l’espace, il garde les pieds sur terre. Ses mots, en revanche, tournent dans le ciel depuis que la rage lui a mis un stylo à la main sous les applaudissements de son père, réfugié politique qui travaillait à l’usine.
Le romancier Youri Suarez est accueilli tel le fils prodigue lorsqu’il revient auréolé de gloire dans sa ville natale. Jadis indésirable dans les salons des péroreurs vêtus de plumes haute couture, il s’y voit maintenant invité. Un soir, il apparaît au milieu d’un poulailler huppé de la cité et demande à chacun de retrouver sa dignité, donc de continuer à l’ignorer: «Je n’ai pas changé, pourquoi avoir de la considération pour le même homme que vous méprisiez alors?» Sur ce, le vilain petit canard quitte la basse-cour honnie, où il ne s’aventure d’ailleurs plus au cours du récit, et rejoint ses frères humains de l’Hôtel Majestic.
(…) Auteur d’un premier titre remarqué, Un cerisier dans l’escalier, Thierry Luterbacher publie aujourd’hui Le Splendide Hasard des pauvres. Vivante, fleurie, intrépide, excessive par endroits, à la fois tendre et âpre, sa prose embarque Youri Suarez dans une histoire où on se sent «pris du vertige de l’image dans l’image jusqu’à l’infini des boîtes de fromage de [notre] enfance».
(…) À l’instar de son héros, Thierry Luterbacher a, selon son éditeur, dû apprendre à «gérer» son succès, mais ses phrases ne tournent pas autour de son nombril. Elles envoient leurs mots à la bataille aux côtés d’écorchés vifs, de doux rêveurs, de marginaux et fréquentent des lieux d’où pourraient surgir Benjamin Malaussène et sa tribu. Elles sont parsemées d’étoiles poétiques; certaines s’éteignent aussitôt lues, de nombreuses autres demeurent vivaces et scintillantes.

ÉLISABETH VUST, 24 Heures