MAX FRISCH

SUISSE SANS ARMÉE?
UN PALABRE

récit parlé
Traduit de l’allemand par Benno Besson et Yvette Z’Graggen
1989. 2e édition: 1989. 100 pages. Prix CHF 26,50
ISBN 2-88241-012-3, EAN 9782882410122

Biographie

Voici donc Frisch lui-même, dans un rôle à la longue agaçant, et Jonas, le petit-fils passionné de moto et d’informatique, qui soudain se met à l’interroger sur notre armée. Ce vaste sujet entraîne on s’en doute des développements incendiaires, ironiquement rehaussés par intervalles par les crépitements de la cheminée, les appels téléphoniques menaçants d’un courageux anonyme et les coups inexorables d’une horloge lointaine.
Conjuguant ses souvenirs avec le rappel de certains faits marquants de l’Histoire, le vétéran se révèle un démystificateur redoutable. Précis, concret, il fixe le détail, insinue par le son et par l’image, persuade par l’exemple. Il laisse en suspens pour mieux reprendre, cultive le sarcasme, le paradoxe et l’ironie, qui déstabilisent et soulèvent des questions inconfortables.
…Propos aberrants, inspirés par une défiance et une agressivité pathologiques? Vaines palabres, comme le suggère un passage, entre un vieillard qui radote et un jeune homme immature? Ou réflexion fondamentale sur la liberté et la démocratie, testament politique d’un écrivain qui, malgré un scepticisme croissant devant la prolifération de la «canaille», ne cesse pas de croire en l’homme? La dédicace du livre répond: en témoignage de gratitude, elle cite Bräker et Diderot. Le premier «eut le bon sens de déserter le champ de bataille», le second défendit la raison. L’un et l’autre incarnent l’esprit des Lumières, espérance ultime, que Frisch n’abdique pas.

WILFRED SCHILTKNECHT, Journal de Genève