THIERRY LUTERBACHER

DERNIER DIMANCHE DE MARS

Roman
2014. 256 pages. Prix: CHF 34.–
ISBN 978-2-88241-385-7


Biographie

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À parcourir «ces routes qui ne sont pas des routes, mais des états d’esprit», l’auteur nous offre une œuvre d’une magnifique densité. Les pérégrinations de deux êtres qui cherchent en vain leur «moitié d’âme» passent par toutes sortes d’aventures où les moments de la vie frôlent l’inexplicable. Mais le livre est ancré dans une solide et goûteuse réalité, ce qui n’empêche pas l’auteur de se servir des événements quotidiens pour accéder aux problèmes que pose l’existence, tout cela dans un style dru, vivant qui mêle aussi bien les conversations de bistrot que les réflexions profondes.

JULIETTE DAVID
, Suisse Magazine

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À la bonne heure

Un attroupement, une foule dispersée par la police. Des regards qui se croisent, à peine le temps de se donner rendez-vous le lendemain, même heure, sur ce quai de gare… Mais le lendemain, l’un des deux aura pensé à l’heure d’été, l’autre pas. Lune et Auguste s’attendront, se chercheront longtemps…
Sur cette idée de départ, le Biennois Thierry Luterbacher tisse un roman plein de charme, à mi-chemin entre onirisme et réalisme. Dernier dimanche de mars suit le destin parallèle et si proche de ses deux personnages, la suite de leur rendez-vous manqué. Ils vont se frôler sans le savoir, se croiser presque, partager des connaissances peu fréquentables. Chacun avance sur son propre chemin, sans pouvoir oublier cette fugace apparition, avec la conviction que «l’important n’est pas avec qui on vit, mais sans qui il est impossible de vivre.»


ÉRIC BULLIARD
, La Gruyère

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L’homme qui a tué la lune

Est-ce parce qu’il est toujours proche de l’enfance que Thierry Luterbacher écrit? En tous les cas, ce qu’il se passe dans ce sixième roman venant de paraître chez Bernard Campiche Éditeur, il faut l’aborder avec le regard de l’enfant qui ne s’étonne de rien. Ni d’un personnage qui ne serait qu’une présence, ni de l’étrangeté du monde, ni des distorsions du temps. Dernier dimanche de mars, c’est le titre de l’histoire, repose sur un calembour du temps, un bête changement d’horaire oublié. Les gens ne cessent de s’y croiser, de se perdre, de se chercher, de s’effleurer, de s’annuler même, comme un reflet de lune dans un étang. Et c’est ce qui donne la charge poétique au récit.
Ce dernier s’ouvre par cet homme au bord de l’étang qui raconte: «Je tenais contre ma poitrine un fusil chargé. J’ai tiré et j’ai atteint la lune en plein coeur.» Il répétait: «J’ai tué Lune…j’ai tué Lune…» Thierry Luterbacher s’en explique sans sourciller. Le personnage de Billy the Kid dans le film Le Gaucher d’Arthur Penn a toujours fasciné l’écrivain. Dans cette oeuvre culte, il y a une scène où Billy tire sur le reflet de la lune dans l’étang en disant par deux fois, «I killed the moon». Derrière le pastiche se cache l’exigence d’écriture: «Je ne me dis jamais “Je veux écrire un livre”. Dans mes bouquins, il y a toujours une image qui m’obsède, qui ne me laisse pas tranquille. Je l’écris pour m’en débarrasser. Et les mots défilent dans ma tête comme ces images», confie le Biennois.

Sous le signe de la lune

Mais Lune a une majuscule dans le livre. C’est un des deux narrateurs principaux du roman. Lune est une jeune femme très particulière. Elle a une cicatrice, née d’une scène traumatisante de l’enfance. Un jour de pleine lune, une lune blafarde en plein jour dans le ciel, elle s’aperçoit que celle-ci arbore le même tracé que la cicatrice qu’elle porte au visage. Un sillon impressionnant qui part du front, traverse l’oeil et cisaille, par en dessous, le galbe abîmé de la joue. «Cette cicatrice, je l’ai rencontrée chez une magnifique jeune femme qui servait dans une station d’essence. Elle me fascinait. Je pouvais lire dans ce sillon comme dans les lignes de la main. C’était chaque fois une autre histoire dans un pays inconnu. Nous n’échangions que des pensées», s’émeut l’écrivain dont le regard se met à fuir dans une fêlure de la mémoire.

Une fuite en avant

Le livre à vrai dire semble n’être qu’une fuite. Il se défait comme le rouleau de Jack Kérouac. Il évoque des existences multiples. Des vies mornes ou pleines, des amours naturelles, des haines ancestrales. Il avance vers nulle part, mais il avance, dans une célébration de l’éphémère et de la solitude. Et dans des lieux tout aussi anonymes.
Le deuxième narrateur s’appelle Visage. Simplement parce que Lune l’a rencontré sans qu’elle puisse le dévoiler. Ils se sont loupés. Visage vit dans le monde de la marge, dans tout ce qui s’oppose à l’utile, au rationnel, à la société. «Il s’évade par tous les pores de la société», constate Thierry Luterbacher. Il part en quête de Lune. Sans la décrocher. Et puis, il y a Miranda, magnifique personnage insaisissable. Et la tante de Lune, la fleuriste, qui a sa moitié dans l’éternité. «En dehors du temps, il existait l’éternité pour celles et ceux qui n’ont pas leur place dans la contrainte du monde», lit-on dans Dernier dimanche de mars, jour du changement horaire.
Le plus curieux, c’est que le lecteur se sent happé dans des fils de narration que les personnages projettent et nous font voir plus de choses qu’il n’en existe. Et c’est bien là le rôle de toute littérature. Et on se dit qu’à défaut de tuer le temps, on finit par flinguer la lune. Un roman à lire et relire.


YVES-ANDRÉ DONZÉ
, Le Journal du Jura

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Depuis près de quarante ans, chaque dernier dimanche de mars, c'est le passage à l'heure d'été. Cette mesure, néfaste et inutile, est maintenue arbitrairement sur le continent par l'Union Européenne... Ce méfait n'est toutefois pas complètement perdu puisqu'il fournit un magnifique argument romanesque à Thierry Luterbacher.
En effet le début de son roman, celui de Blandine Théia et d'Auguste Geste – leurs patronymes ne sont pas fortuits – se passe un Dernier dimanche de mars. Les deux se sont rencontrés ce jour-là pour se perdre aussitôt. Ils assistaient l'un comme l'autre à un concert de rue, interrompu par un quarteron de flics, au grand dam des badauds, dont les poings s'étaient levés pour protester.
Auguste raconte: «J’ai vu se lever un poing gracieux. Une nuée de bracelets tintinnabulaient sous mon nez. J’ai suivi le bras vêtu de sombre et je suis tombé sur Lune, une coiffure sage des années trente, noir de corbeau, une peau porcelaine, ciselée par une cicatrice poignante qui déchirait le sourcil de son œil-mousse et reprenait son sillon sur la joue gauche, une fêlure qui racontait un roman.»
Il se souvient: «Elle était ma moitié féminine sans laquelle, jusqu'à cet instant, je n'avais pas été homme.»
Blandine raconte: «J’ai tourné la tête et j'ai rencontré des yeux sombres, qui n'étaient là que pour absorber la lumière, des yeux dans lesquels se reflétait une demi-lune, des yeux paisibles où je lisais une plénitude de solitude. La carrure solide, de longues mèches brunes en désordre qui effleuraient les yeux, le visage ovale au sourire délicat.»
Elle se souvient: «Nous nous sommes regardés et nous étions amis d’enfance.»
Auguste reçoit des coups de matraques de la part des pandores. Il est séparé d'elle, mais, instinctivement, il suit Blandine disparue et la retrouve dans une gare, quai n°2, à la fenêtre du train de 19 h 11 qui s'ébranle.
Blandine lui crie, à plusieurs reprises: «Comment faire…». Il lui répond, en courant à côté du wagon: «Ici, même heure, même train…». Mais sa montre à lui indique encore 18 h 11... Ce décalage du temps, d'une heure tout juste, sera suffisant pour qu'ils se perdent...
Pendant les trois ans que dure le récit, ils vont l'un comme l'autre poursuivre leur route. Leurs chemins vont se croiser plusieurs fois sans qu'ils ne se rencontrent vraiment. Pour lui, elle est Lune. Pour elle, il est Visage. Des noms aimés qu'ils se donnent, chacun de leur côté, pour s'invoquer.
Lui ne cessera de penser à sa moitié d'âme: quoi qu'il fasse tous les jours seront des jours sans elle. Elle, qui finit par accepter qu'elle voit l'inexplicable (que les autres ne voient pas: cette vision divergente s'immisce à sa seule réalité), ne cessera de penser que «ce quelque chose de supérieur, d’indéfinissable» peut rendre possibles leurs retrouvailles.
En attendant ces hypothétiques retrouvailles, l'un comme l'autre traversent des tribulations et connaissent des émois avec d'autres: «Parfois le corps ressent le besoin de faire diversion pour libérer le coeur et la tête.» Mais cela ne les empêche pas de toujours s'imaginer un jour ensemble.
Jusqu'à la fin, indécise, le lecteur peut se demander si Auguste et Blandine sauront illustrer cette sentence, plus profonde qu'il n'y paraît: «L’important n'est pas avec qui on vit, mais sans qui il est impossible de vivre.»

Blog de FRANCIS RICHARD

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Auguste a quitté sa famille excentrique, la campagne, un garage bohème, pour la ville. C’est alors que ça arrive. Dans la rue, un attroupement autour d’un concert. Une fille, une cicatrice sur le sourcil en forme de lune. Une apparition.
Il la perd de vue lorsque la police disperse la foule, la retrouve à la gare, derrière la vitre d’un train, et lit sur ses lèvres: «Comment faire...» Il lui donne rendez-vous le lendemain au même lieu, à la même heure au même train, ce train qu’il prend désormais chaque soir. Mais il n’y a aucune trace de l’inconnue dans les wagons.
On comprend assez vite les raisons de ce rendez-vous manqué: la passage à l’heure d’été dont c’était le premier jour. La rencontre est arrivée le dernier dimanche de mars. La fille a avancé sa montre, pas Auguste.
On me pardonnera de donner la solution de l’énigme, qui est d’ailleurs dans le quatrième  de couverture. L’essentiel du roman de Luterbacher n’est pas là. Plutôt dans une ambiance poétique, lunaire, dans des scènes qui émargent d’un réel rêvé ou rêveur, lorsque Auguste, abandonnant sa recherche de l’aimée, décide de rentrer dans sa famille à pied.
Quelques aventures l’attendent en chemin, un voyou gominé, un sac de jute plein d’argent, une beauté campagnarde vieillie et sa nièce qui deviennent ses maîtresses, des coups de feu, des morts.
Puis l’histoire recommence selon le point de vue de la fille à la cicatrice. D’autres personnages apparaissent, reviennent sous des angles différents. Ils se croisent, se retrouvent, dans une sorte de labyrinthe romanesque et temporel où le lecteur se promène en découvrant une histoire doublée d’onirisme, de charme et de fantaisie.


Blog
d’
ALAIN BAGNOUD

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Thierry Luterbacher publie Dernier dimanche de mars, son sixième roman

Thierry Luterbacher, né en 1950, à Péry-Reuchenette, dans la partie francophone du canton de Berne (Suisse), est journaliste, réalisateur, auteur, metteur en scène et artiste peintre. Bien que résidant à Bienne, ce passionné de l’écrit et de l’image a passé ses vacances à Issirac, où sa famille possède une résidence.
Il a gardé de ces moments-là, d’agréables souvenirs qu’il aime d’ailleurs se remémorer avec ses amis qui ont toujours plaisir à le rencontrer. Malgré sa célébrité due à ses nombreux talents, il est resté le Thierry de son enfance.
À ce jour, il vient de publier son sixième roman aux éditions Bernard Campiche. Il s’intitule Dernier dimanche de mars, qui arrive après Un cerisier dans l’escalier en 2001, Le Splendide Hasard des pauvres, Quidam et Le Sacre de l’inutile en 2008, et Évasion à perpétuité.
L’histoire de son dernier roman est palpitante. «Au coin d’une rue, des badauds écoutent un concert. Auguste croise le regard d’une passante. Une noce secrète. La police disperse la foule. Ils se perdent de vue. Auguste retrouve l’inconnue derrière la fenêtre d’un train en partance, le train de 19 h 11. Nous sommes le dernier dimanche de mars, jour où l’heure d’été a remplacé l’heure d’hiver. L’inconnue a avancé sa montre d’une heure. Pas Auguste. Tous les soirs, il prend le train de 18 h 11 pour revoir celle qu’il a appelé Lune et qui porte sa cicatrice». Il tarde au lecteur de connaître le dénouement de cette histoire.

Midi libre

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Au coin d’une rue, des badauds écoutent un concert. Auguste croise le regard d’une passante, une cicatrice poignante déchire le sourcil de son œil mousse et reprend son sillon sur la joue gauche, une fêlure qui raconte un roman. Une noce secrète. La police disperse la foule. Ils se perdent de vue. Auguste retrouve l’inconnue derrière la fenêtre d’un train en partance, le train de 19 h 11. Nous sommes le dernier dimanche de mars, jour où l’heure d’été a remplacé l’heure d’hiver. L’inconnue a avancé sa montre d’une heure, pas Auguste. Tous les soirs, il prend le train de 18 h 11 pour revoir celle qu’il a appelée Lune. La lune qui porte sa cicatrice.


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