ANTONIN MOERI

ENCORE CHÉRI!

Nouvelles
2013. 160 pages. Prix CHF 32.–
ISBN 978-2-88241-328-4


Biographie

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Manifestations, rencontres et signatures

Index des auteurs


Douze courtes nouvelles où de brèves conversations allègent les monologues, nous entraînent à suivre patiemment la dérive des personnages.
Le style est d’une fausse simplicité qui rend merveilleusement les aléas de la vie. La descente aux enfers se fait de façon telle que le moment où elle commence est difficile à percevoir.
L’auteur nous conte quelques secrets d’alcôve, de crime ou de haine, mais aussi de tendresse. Il y a là toute la complexité de la nature humaine, qu’il se plaît à dessiner avec une certaine retenue non dénuée d’ironie.


JULIETTE DAVID
, Suisse magazine

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Chutes, perversion et extravagances

Recueil de nouvelles au titre quelque peu racoleur et sensuel, Encore chéri! résonne comme un entrelacs de tensions aussi passionnées que déséquilibrées. D’un ton piquant, Antonin Moeri écrit un genre de nouvelles «d'atmosphère» qui tient de la rencontre. Ces entrevues surprenantes provoquent une perte de contrôle du lecteur sur le récit. Les douze histoires que comprend ce court livre tiennent tant de l’anecdote que du fait divers. Un procès auquel un juré a été convié par erreur, un garçonnet épistolier victime de l’abîme social le séparant de sa jeune amoureuse ou encore un adolescent obsédé par la montre qui lui a été offerte par son père. Qu’ils soient enfants, pervers, tueur repenti ou psychopathes, Antonin Moeri cherche à les comprendre, à les laisser prendre la parole. L’auteur emmène alors son lecteur dans les méandres de trames narratives complexes qui, malgré des problématiques intrigantes et prometteuses, n’en finissent que trop rarement en apothéose.

D’un œil moqueur et parfois cruel sur ses personnages, Antonin Moeri construit ses récits avec pour dessein de plonger le lecteur dans l’instant. Cette spontanéité offre une narration éminemment sensorielle qui, nonobstant les qualités stylistiques reconnues, manque fondamentalement de substance. Le début de la nouvelle intitulée «Rencontre» illustre bien cette absence régulière de profondeur: Les choses n’allaient plus entre eux. Depuis combien de temps? Personne ne le sait exactement. Les gens ont remarqué des changements. Par exemple: elle s’habille autrement. Si le discours indirect libre est un outil splendide, en abuser sous prétexte d’une introspection du personnage revient parfois à donner plus de valeur à l'ineptie qu’aux véritables interrogations que soulèvent ces nouvelles.
Ayant souvent recours à l’éparnothose, l’auteur exploite abondamment l’oralité. Les tournures proches du discours impliquent d’emblée le lecteur dans l’énergie tumultueuse de la pensée des personnages. Partant de dialogues aux traits absurdes, le livre d’Antonin Moeri permet de saisir de manière systématique l’instant clef, fréquemment reflété par un monologue qui mène chacun des personnages à la folie. La narration, dans cet ouvrage, se veut une capture photographique à la fois précise et confuse du plongeon menant fatalement les protagonistes vers une démence prodigieusement paranoïaque. L’auteur, trop conscient de nos horizons d’attente, semble discrètement s’amuser de la frustration déconcertante qu’il provoque chez le lecteur. Effet stylistique ou non, cet ouvrage pâtit âprement de la presque absence de chutes. Concrètement, si la nouvelle se doit de chérir la chute, c’est bien parce qu’elle en est une caractéristique essentielle. Dans ce recueil, ne cherchez ni l’événement, ni le récit normalisé.
En résumé, l’univers kafkaïen de Encore chéri! est une version édulcorée, velléitaire et trop peu brutale de ce qu’a pu produire par exemple Frédéric Beigbeder. Néanmoins, les variations stylistiques et les interpellations emplies de musicalité des nouvelles comme «Exit» ou «Temps mort», font de ce livre une expérience inhabituelle et utile.


VALENTIN JEANNERET
, Les Lettres et les arts

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Art de l’ellipse, la nouvelle convient au talent incisif d’Antonin Moeri. Les douze textes brefs rassemblés sous une invite ironique – Encore chéri! – se signalent par une extrême économie de moyens qui offre pourtant des plongées vertigineuses, dans les perversions humaines. Souvent, l’auteur se saisit d’un fait-divers – une joggeuse étranglée, un forcené qui défend sa maison fusil à la main – pour montrer comment un individu glisse hors de la normalité, sans que son entourage perçoive sa dérive. Ces écarts ne sont pas toujours sanglants, il s’agit aussi d’errements anodins mais dont perçoit la violence potentielle. Elle surgit des dialogues qui révèlent des colères rentrées prêtes à exploser.

ISABELLE RÜF
, Le Phare, No 15

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Antonin Moeri est né à Berne. Après ses premières années vécues à Mexico, il poursuit sa scolarité sur les rives du Léman, dans la région de Vevey. Adolescent, Antonin Moeri part à Genève pour y étudier à l'Université. Après avoir suivi les cours de l'École d'art dramatique de Strasbourg, il exerce le métier d'acteur en France et en Belgique.
Traducteur de Theodor Fontane, de Robert Walser et Ludwig Hohl, il écrit cinq livres parus aux Éditions L'Âge d'Homme: Le Fils à maman en 1989 pour lequel il obtient le Premier Prix au concours littéraire de la revue [VWA]; L'Île intérieure en 1990; Les Yeux safran en 1991; Allegro amoroso en 1993 pour lequel il obtient le Prix Schiller 1994; Cahier marine en 1995. En 1998, il publie aux éditions Bernard Campiche: Igor, suivi, en 2000, d'un premier recueil de nouvelles, Paradise Now, en 2003, d'un deuxième recueil de nouvelles, Le Sourire de Mickey. En 2007, il publie aux Éditions Bernard Campiche le roman Juste un jour.
Antonin Moeri vit et travaille à Genève. Il séjourne une partie de l'année à Cully.


1) Qui êtes-vous?!
Je suis un auteur de nouvelles grinçantes, parfois lyriques, toujours cruelles.
Très attiré par le canapé où se croisent les confidences.

2) Quel est le thème central de ce livre?
Le moment de basculement dans une certaine folie, du passage à l'acte. Et le sentiment amoureux, que ce soit un sentiment très pur ou quelque chose qui fait référence à la psychiatrie, à la pulsion sexuelle et peut-être criminelle.

3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous?
"C'est pour moi la plus belle nuit d'amour"

4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle?
Ce serait la musique de Klaus Nomi ou celle d'Arvo Pärt.

5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité?
Un sentiment de panique que n'importe qui peut éprouver devant le vernis de civilisation.


20 minutes

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Trois titres publiés cette année à Orbe par Bernard Campiche, une anthologie et deux recueils d’auteurs suisses

Le premier, Un Voyage en Suisse. Récits des cantons (295 pages), affiche l’ambition avouée d’offrir «une mosaïque créatrice, une carte géographique narrative, un miroir de l’activité littéraire en Suisse», à raison d’un texte (paru après 1982) et d’un auteur par canton de la Confédération, de A à Z…
Malgré des choix subjectifs, ici ou là discutables, l’entreprise est réussie. Certains auteurs, comme Maurice Chappaz, Anne Cuneo, Jacques Chessex, Peter Bichsel ou le Tessinois Alberto Nessi, sont bien connus du lectorat helvétique. Bien d’autres sont à découvrir.
On est en droit de s’interroger sur l’existence de critères qui permettraient de définir une «littérature suisse». Sans doute certains dénominateurs communs apparaissent-ils en cours de lecture: l’évocation fréquente de la mort, tantôt sereine, tantôt tragique; le goût des atmosphères étranges, aux confins du fantastique (héritage de Jeremias Gotthelf?); une forte présence de la nature, souvent menacée voire violée par le tourisme et le bétonnage; la nostalgie d’une jeunesse passée à l’époque des Sixties, avec la musique et les joints qui l’accompagnaient; une vision souvent ironique ou critique de la Suisse, «un pays pour vieux, beaucoup trop ordonné et beaucoup trop propre», comme l’écrit le Zurichois Charles Lewinsky; d’autres textes s’ouvrent sur l’ailleurs, l’étranger, le monde.
Cependant, cette série de récits offre une telle variété d’écritures, de sujets et d’atmosphères que toute tentative d’énoncer des critères de «suissitude» s’avère rapidement vaine. On lira avec intérêt, et souvent avec plaisir, ce recueil qui offre un véritable kaléidoscope de la production littéraire dans notre pays.
Encore chéri! (157 pages) d’Antonin Moeri contient, entre autres, la nouvelle éponyme. Au cœur de chacune d’entre elles, quelque chose bascule: par exemple, les lettres d’amour qu’envoie un jeune adolescent à la fille d’un notable sont interceptées par les parents de cette dernière.
Ou encore, la narratrice du récit intitulé «Le Figurant» se débarrasse du bellâtre dont le corps l’a un moment séduite. Tel individu solitaire rencontré dans un café a-t-il tué sa mère handicapée? Les récits d’Antonin Moeri mettent volontiers en scène des marginaux, des personnages étranges ou inquiétants, dont le destin est parfois inspiré par des faits divers réels. On bascule souvent de l’apparente banalité vers le crime, accompli ou rêvé.
Le regard du narrateur est toujours distancié. La langue est claire, précise, sans effets de style apparents. Il peut s’y glisser une touche poétique, comme dans la belle évocation de Paris dans «Ville Lumière», qui fait un peu songer à Patrick Modiano.
Enfin le recueil Loin de soi (173 pages), de Silvia Härri, a bien mérité le prix Georges-Nicole 2013. Il séduit d’abord par la beauté de sa langue: «Il aime la neige, cette couche trompeuse sur la surface des choses qui masque les aspérités comme un rideau tiré sur la vérité.»
Surtout, ces récits sonnent juste, à l’image de ceux de la regrettée Yvette Z’Graggen. Ils mettent en scène tous les âges de la vie, de l’enfance à l’EMS. On notera, dans «Carnet de voyage», un étonnant télescopage de dialogues surpris dans le train, avec leurs parlers divers. Ou encore l’inattendu «Le Nom du père», où l’on découvre que le narrateur est… un tableau de la Renaissance.
On sent chez l’auteure une réelle empathie avec ses personnages, mais aussi un rapport profond avec la nature, les animaux. On est souvent dans l’ambiguïté des sentiments: ainsi, dans «Rature», ce rapport entre une psychothérapeute et sa jeune patiente: qui en réalité a besoin de qui? Tout cela compose une œuvre attachante, profondément littéraire, sans pourtant sentir la «littérature».


PIERRE JEANNERET
, Domaine public

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Antonin Moeri, éminent Blogreur, vient de publier un dernier recueil de nouvelles sous un titre bien choisi: Encore chéri! Une bonne manière de savourer la langue de cet authentique écrivain
 
Un homme explique sa visite à un masseur, qui se trouve être un ancien brigadier et accueille ses clients en rangers et veste de policier déboutonnée. Une amazone initie un jeune homme à la sodomie. Un taulard explique comment il a étranglé une joggeuse en training rose qu'il voulait seulement aborder. Un homme assiste au procès d'un escroc et observe la mère du prévenu. On retrouve aussi le «forcené de Bienne», Peter K, qui avait tiré sur des policiers plutôt que se laisser expulser de chez lui. Il y a aussi des sujets plus frais que ces faits-divers: des garçons amoureux, des jeunes couples attirés par Paris. Une grande variété de thèmes, donc, inscrits dans le réel.
Cependant, ce qui fait l'intérêt de ces textes, c'est moins leur objet que leur forme. On sait que Moeri travaille surtout sur le flux verbal. C'est là dedans que sont l'originalité et le talent de notre auteur.
La plupart de ses nouvelles sont ou comprennent de longs monologues. Le narrateur ou les personnages y entament des confessions, dans lesquelles le langage est primordial, qui se développent, pourrait-on dire, plus selon une une logique du discours que pour exprimer un contenu.
Par exemple, dans «La Traque», basée sur l'histoire de Peter K, Antonin Moeri s'attache moins à comprendre le fonctionnement mental de cet homme pourchassé, à faire un portrait de lui, à déterminer ses motivations, qu'à se mettre à sa place, lui donner la parole et laisser se développer un discours où l'intérêt est souvent dans des évocations soudaines, comme celle de l'origine de la maison, «une ruine que son grand-père avait achetée en revenant du Texas où il a conduit des diligences.»
On se souvient de ce que disait Nabokov: la littérature est dans les détails. Et chez Moeri, de ce côté-là, on est gâté. Des images précises surgissent, incongrues, surprenantes, savoureuses, souvent sous forme d'énumération.  Par exemple, dans une autre nouvelle liée elle aussi à une maison, «L'Augustin», le narrateur observe les dents du propriétaire d'une demeure praticienne et l'imagine «dévorer des foies de sanglier, des langues de bœuf, des saucisses de Francfort, des jarrets de veau, des râbles de lapin et des rognons de porc.»
Le langage chez Moeri obéit aussi à des règles de tension. La musicalité de la phrase affronte des changements de niveau soudain qui intègrent des mots plus communs (siphonné, fils de pute ). L'énonciation tenue est questionnée par l'irruption de structures parlées (la suppression de l'adverbe de négation ne dans les dialogues, par exemple.) Les longs monologues sont soudain remplacés par des dialogues courts qui s'enchaînent comme un échange de balles de ping-pong...
Tout ceci donne aux nouvelles d'Encore chéri! leur saveur et leur étrangeté, et créent un style reconnaissable entre mille. Ce qui est, on le sait, la véritable marque d'un écrivain.

Blogres d’ALAIN BAGNOUD

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Un extrait:

Je la voyais, celle que j’avais aimée contre l’arbre, quand le feu montait partout autour de moi et que j’ai voulu crier, que j’ai vu son œil vert me fixer, comme si elle avait voulu m’accuser. Elle était attachée au tronc et sa tête pendait de côté. Ce spectacle me rendait fou. En plus, elle se mettait à bouger, elle venait vers moi comme si on se connaissait depuis longtemps. Elle me souriait depuis la rue. Elle quittait le sol en tendant les bras devant elle. Je n’arrivais pas à m’éloigner de cette fenêtre. Je vous jure. Ce que je dis est la pure vérité. Elle montait dans les airs   avec des perles de transpiration sur le front. On aurait dit que des phares de voiture ­l’éclairaient. La fenêtre était pourtant fermée, elle n’aurait pas pu entrer chez moi. Elle se tenait là, le nez écrasé contre la vitre. Les doigts crispés sur le manche d’un balai, je l’attendais de pied ferme. Je serrais ce balai comme j’avais serré le cou du flamant rose. Et toujours ce tic-tac infernal de l’horloge en plastique. Je restais des heures dans cette position. Parfois toute la nuit.

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Douze. C'est un nombre symbolique.
Celui des tribus d'Israël, des apôtres de Jésus, des mois de l'année, des signes du zodiaque...
Douze, c'est le nombre de nouvelles du dernier recueil d'Antonin Moeri. Ce ne peut être un hasard...
Deux d'entre elles ont paru dans le numéro de décembre 2011 de la revue littéraire en ligne Coaltar. Les autres sont inédites.
Dans ces nouvelles, l'auteur ménage ses effets et ne ménage pas le lecteur. Je ne crois pas que cela sera pour lui déplaire quand il s'y plongera...

Un jeune garçon, réservé, timide, écrit des lettres énamourées à la plus belle fille de sa classe, dont le père est plus riche que le sien:
"Ce sont des dizaines de lettres qui furent écrites dans ce style qu'adoptent les amants ou les fous."
Une jeune femme est toute fière d'avoir ramené chez elle un beau mec. Quelque temps après, elle décide de se conduire avec lui comme une vraie salope sans trop savoir pourquoi:
"J'avais besoin de ça pour me sentir exister."
Un homme agonise sur un trottoir. Des passants s'adressent à lui sans qu'il ne comprenne ce qu'ils lui disent. Dans ses derniers moments, une langue continue d'aller et venir sur sa joue, un dernier instant bonheur:
"J'ai tout de même senti sur ma joue cette langue de chien, chaude, humide et délicieuse."
Un misanthrope habite une belle maison, qui intrigue le narrateur. Du coup il airmerait bien en savoir plus sur son propriétaire, qui lui répond d'une voix cinglante:
"Je veux bien parler de la baraque, mais le reste, motus, compris."
Un forcené, détenteur de trois flingues, refuse qu'on saisisse la vieille maison familiale et descend tout ce qui bouge et qui voudrait le contraindre à se rendre:
"Je ne céderai pas. C'est ma maison. La seule chose à laquelle je tienne. Je sauverai ton honneur, papa."
Le compagnon d'Odile en a marre d'elle. Elle s'achète de belles fringues et rentre de plus en plus tard de son travail, où elle doit sans doute draguer son chef. Dans un parc il rencontre un repris de justice fauché comme les blés. Il refuse pourtant net la proposition que le compagnon d'Odile lui fait:
"Je veux pas finir ma vie à l'ombre. Je veux tout faire pour mener une vie normale. Faut être complètement sonné pour envisager un pareil truc."
Un taulard se livre à un quidam qui voudrait écrire sur son cas. Il raconte comment son oeil a été attiré par une joggeuse en training rose, qu'il ne savait pas comment aborder. Il voulait seulement lui parler, mais cela ne s'est pas passé comme il voulait:
"Quelqu'un l'avait étranglée. Son oeil vert, je dis son oeil vert parce que l'autre était fermé, son oeil vert, injecté de sang, me fixait, comme si la dame avait voulu m'accuser."
Il devait comparaître au tribunal, non pas comme prévenu, mais comme juré. Finalement il n'avait pas été retenu, mais, ayant pris un congé pour ça, il était resté pour assister à l'audience au cours de laquelle le prévenu devait être jugé pour vol, par contumace:
"J'ai alors vu une petite femme d'un certain âge, assise sur une chaise, les épaules agitées par des spasmes, la tête penchée, on aurait dit qu'elle souffrait d'un torticolis aggravé par les frasques de son fils qu'elle avait imaginé d'une irréprochable honnêteté."
Sacha, étudiant en droit, converse avec Lou, étudiante en philo. Il lui raconte Paris tel qu'il la voit par les yeux d'une mystérieuse femme, Lara Krieg:
"Pourquoi m'avoir parlé de cette Lara je-ne-sais-plus-comment?
— Parce que tu ne connaissais pas Paris. J'ai très envie de visiter cette ville avec toi."
Il sèche l'école. Son père lui a offert une belle montre, de haute précision, pour son anniversaire. Cette montre l'obsède:
"Ce n'est pas un tic-tac qu'elle fait sur la table, c'est une sorte de tsig-tsig très doux. On dirait qu'elle me regarde. Elle est couchée sur le flanc."
Des hommes ont le fantasme de la masseuse nue sous sa blouse. Lui c'est le fantasme du brigadier masseur, en rangers et veste déboutonnée:
"J'ai presque peur quand il se penche au-dessus de ma tête, que son torse peu poilu effleure mon front et qu'il tire brusquement ma cage thoracique vers lui."
Léonore a fière allure "avec ses longs cheveux blonds, ses yeux bridés et ses bottes camarguaises". Elle est "flanquée d'un animal monstrueux". Elle sera sa première fois, et une fois mémorable:
"Tu sais, ce que j'aime faire, c'est former les jeunots, les initier, leur apprendre les joies, les vraies joies! Je trouve ça extra."
Il la revoit de nombreuses années plus tard...
Un jeune garçon peut aussi être sentimental, comme une fille. Une femme se comporter comme un mec. La mort être merveilleuse. Un homme riche garder jalousement un jardin secret. Un repris de justice vouloir se ranger. Un taulard, peut-être fou, ne plus savoir ce qu'il a fait réellement. Un homme devenir forcené quand on touche à son passé. Un homme présent à une audience ne garder que l'image de la mère du prévenu. Un homme ne savoir dire les choses que très indirectement à la femme qu'il désire. Un écolier tranquille en apparence être très destructeur dans la réalité. Un homme fantasmer très fort grâce à un autre. Une jeune femme experte dans les plaisirs d'adultes retomber en enfance quand elle subit des ans l'irréparable outrage.

Toutes les histoires qu'Antonin Moeri raconte sont, certes, des histoires caractéristiques de notre époque, mais elles réservent bien des surprises comme dans la vraie vie. L'imprévisible est éternel...
Des dialogues permettent de respirer un peu après de longs paragraphes, dont les phrases sont suffisamment courtes toutefois pour ne pas essoufler le lecteur et, au contraire, le tenir en haleine.
Une fois refermé le livre, nous pouvons nous dire que la forme de la nouvelle en accentue le caractère dense. Ce qui ne peut pas nous laisser indemne, mais nous offrir matière à réflexions sur l'humaine condition et à interrogations sur le pourquoi de certaines de nos actions.

Blog de FRANCIS RICHARD

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