Elisabeth Horem, voyageuse empêchée
Très étonnante aventure littéraire que celle que mène de longue date
Elisabeth Horem depuis le pont fixe de sa demeure de
Saint-Quay-Portrieux. Cette diaris éprise de lointains et constants
voyages tient, depuis des années, l’immense Journal,
admirablement rédigé, de ses déambulations en tous lieux du monde. Et
de ses impressions de lecture, de ses réflexions sur l’écriture. Le
dernier tome de cette œuvre extrême, sobrement titré Journal (2017-2022),
est un très épais volume de 982 pages qui nous conduit, entre autres,
en Russie, en Égypte, au Japon, en Italie, en Grèce. Vient en 2020
l’épidémie de Covid. Confrontée à l’enfermement à Saint-Quay-Portrieux,
l’écrivaine confine «le caractère volatil des rumeurs et l’accélération
de l’actualité – le front se déplace vite». Soumise à l’obligation de
ne pas sortir plus d’une heure par jour et dans un rayon d’un
kilomètre, elle se livre à une «tentative d’épuisement du paysage» qui
l’amène à relever les détails les plus ténus des rues et maisons qui
enclosent son lieu d’habitation. Cet exercice microcosmique de
prisonnière est fascinant.
ALAIN-GABRIEL MONOT, ArMen, No 268
Journal 2017-2022
Avec une élégance rare, Elisabeth Horem contourne brillament le écueils
du journal (écrit pour soi, faisant du lecteur un voyeur, ou pour
autrui, donc sans ingénuité?) pour offrir un superbe coup d'œil sur
cinq ans qui ont vu tant de choses changer. Par incursions
fluides dans ce passé proche, forcément évocateur, elle livre en
kaléidoscope ses émotions de grande voyageuse, ses réflexions sociales
ou philosophiques, ses multiples approches de la lecture et de
l'écriture. Intime, mais ouvert sur le monde, ce Journal brosse le portrait d'un esesprit humaniste et d'une femme libre.
Marie-Claire Suisse
Ce Journal (2017-2022), qui fait suite à Feu de tout bois
(paru en 2018), s’ouvre sur le récit d’un voyage autour du monde en
2017. Il comporte d’autres récits de voyage (en Sibérie et au Japon) et
des impressions de brefs séjours à Moscou et au Caire. L’actualité
reste présente tout au long de ces pages où sont évoqués la période du
Covid et le début de la guerre en Ukraine. Enfin, comme dans Feu de tout bois, l’autrice livre au jour le jour ses impressions de lecture et ses réflexions sur l’écriture.
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