ANNE-LISE GROBÉTY

JUSQU’À PAREIL ÉCLAT

2007. 130 pages. Prix: CHF 26,50
ISBN 2-88241-203-4, EAN 9782882412034


Biographie

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Ce texte a paru en 1990, sous la forme d’une nouvelle, dans un ouvrage hors commerce, Jours et contrejours, illustrations de Anne Bringolf-Pantillon, aux Éditions des Terreaux, à Lausanne. La présente édition a été entièrement remaniée par l’auteur.


…Ce texte m’a touchée pour plusieurs raisons. Tout baigne dans une atmosphère tragique et onirique, filée de quelques vers de Keats et de Wordsworth, en anglais, cette langue cadencée qui doit combler la musicienne que vous auriez voulu être. Événements et non-événements se déroulent dans une merveilleuse demeure anglaise au jardin extraordinaire, lieu par excellence de la fiction, paradis de l’imaginaire. La dame de l’histoire s’appelle Jade Chichester. Elle a une mère, Grace, et une fabuleuse grand-tante, Margareth, qui voyage aux quatre coins de la terre.
Un lien quand même entre ce texte inclassable – peut-on parler d’un conte? – et vos autres romans: le thème de la filiation mère-fille. Abordé ou ébauché par vos narratrices, Aude, Laurence et Iona, il est ici l’objet central de Jusqu’à pareil éclat, dans une construction subtile qui suggère tour à tour la présence et l’absence, l’amour et la haine, l’image et la substance. Dans vos romans, l’importance de ce thème se devinait. La relation entre vos narratrices et leur mère y apparaissait comme une révolte tronquée par la pitié des filles, conscientes de ce qu’a été le destin non maîtrisé des mères. Dans vos romans la relation mère-fille est caractérisée par le mensonge et la nécessité de se protéger mutuellement. Elle est une relation vouée aux apparences derrière lesquelles peuvent se cacher une lucidité voire un cynisme terribles.
En inscrivant ce thème dans un conte, très loin de l’urgence des récits à la première personne, vous l’élevez au niveau du mythe et du symbole. Jusqu’à pareil éclat est une œuvre émouvante parce qu’elle indique que la tradition au féminin dont Alice Rivaz déplorait l’absence commence à exister……

VALÉRIE COSSY, fragments du Discours de remise du Grand Prix C. F. Ramuz, le 28 octobre 2000.


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«Jusqu’à pareil éclat»

Le thème central du récit est la filiation mère-fille. L’auteure rôde autour de la présence et de l’absence, de l’amour et de la haine. Les événements se déroulent dans une merveilleuse demeure anglaise entourée d’un jardin extraordinaire. Jade Chichester, le personnage central du roman, nous conduit par la prose, entre la fiction et le rêve, dans les méandres des histoires ajustées.
Au cœur du mythe et du symbole, cette relation entre les narratrices et leur mère y apparaît comme une révolte tronquée par la pitié des filles conscientes de ce qu’avait été le destin non maîtrisé de leur mère. Anne-Lise Grobéty est fortement concernée par la condition de la femme écrivain, par les aspects historiques, formels et politiques de l’écriture féminine, mais elle poursuit surtout une exploration de la langue dans une tonalité bien à elle. Subtil, tendre et tragique, ce texte rythmé par des vers de John Keats est un petit chef-d’œuvre.

DANIELLE BRÜGGER DUFAUX, «Les coups de cœur des libraires», L’Express et L’Impartial


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Rencontre à contre-jour

Une petite fille en quête du visage maternel : c’est le thème du dernier récit d’Anne-Lise Grobéty. Magnifique !
Jouer avec les mots, pétrir cette pâte intime et secrète qu’est la langue pour dévoiler une émotion au plus juste du ressenti de son cœur : le travail d’écrivain, du moins celui d’Anne-Lise Grobéty, c’est l’œuvre d’un artisan qui a le respect de ses outils et de sa matière première. Il n’y a donc nul hasard dans le fait que chaque livre a sa résonance, son atmosphère, sa vérité.
Alors que La Corde de mi reste dans toutes les mémoires – l’auteur lui consacre aujourd’hui des conférences qui attirent, à sa surprise, de très nombreux lecteurs –, un nouveau récit, envoûtant, nous emporte déjà. Dans Jusqu’à pareil éclat, c’est une petite fille dont on suit les pas. Une petite fille qui vagabonde dans le décor foisonnant d’un immense jardin ou se perd dans les dédales d’une sombre demeure. On a le sentiment d’évoluer dans un rêve… qui pourrait tourner au cauchemar. « D’abord, un inconcevable entremêlement de fleurs, une débauche de verdure et de pétales ! Dès le début du printemps, on entrait tête la première dans la toison molle des jardins. (…) Et tout le jour il y avait ses petites bottines de plus en plus délacées qui rayaient le gravier des allées entre lupins dressés, giroflées, delphiniums, roses trémières et touffes d’œillets. Elle trottait, ici et là, dans ses tabliers blancs qui se gonflaient souvent de brise jusqu’à la faire ressembler à un minuscule voilier poussé entre les vagues des massifs. » De la petite fille pleine de vie à la vieille dame, Jade Chichester, photographe renommée qui a bien voulu recevoir une visiteuse admirative de son talent, il y a toute une vie tissée de secrets enfouis, de joies et de souffrances, d’images qui en disent beaucoup… sans tout dire. Il suffira d’une demande à la visiteuse – « vous entendre évoquer les circonstances de votre toute première photo » – pour que l’artiste entrouvre les portes de son laboratoire intime.

L’image du chagrin

La petite fille grandit, sa solitude de même, alors que son insouciante liberté s’étiole. « Un pays enchanté, certes, mais à double fond ! » Peu à peu, au fil des pages, on comprend qu’Anne-Lise Grobéty explore une nouvelle fois un thème qui lui est cher, presque une obsession : celui des liens entre générations, et plus particulièrement ici entre mère et fille. « Du seuil de la porte, je ne voyais que les cheveux auburn d’une tête penchée, une main sur l’accoudoir du fauteuil sortant d’une manche invariablement blanche, quelle que soit la saison. Des éléments qui étaient plus ceux de l’absence que d’une présence. (…) S’il n’y avait pas eu les fenêtres juste devant elle pour cadencer le temps et laisser filtrer quelque mouvement, j’aurais pu croire à un tableau. »
À cette mère qui ne lui fait aucune place dans sa vie, la petite fille passionnée de photographie consacrera sa première image… une façon de lui offrir un visage. Ponctué de quelques vers magnifiques du grand poète John Keats, ce récit a la douceur du chagrin… chagrin des rencontres manquées, des paroles restées dans la gorge et du contre-jour qui laisse l’essentiel tapi dans l’ombre.

CATHERINE PRÉLAZ, Générations


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Anne-Lise Grobéty est née en 1949 à La Chaux-de-Fonds, en Suisse. Elle a publié de nombreux romans à succès chez Bernard Campiche, dont, en 2006,
La Corde de mi. Son dernier roman, sorti l’année passée, s’intitule Jusqu’à pareil éclat.

Jade Chichester, éminente photographe britannique, se fait interviewer. Une jeune journaliste, timidement, l’interroge sur sa vie, son enfance. La prolixe Jade Chichester nous fait alors revivre sa jeunesse dans le parc de la propriété familiale. Ses mots nous ouvrent les grilles de ce jardin magique, où le soleil et les fleurs l’étourdissaient de bonheur. Elle raconte qu’en plus d’arpenter ce gigantesque domaine, la photographe, de son vrai nom Elizabeth Mary, explorait le manoir poussiéreux de ses parents qui, dans ses multiples pièces, contenait une myriade de trésors.
Mais cet univers bourgeois ne suffisait pas à l’épanouissement de la jeune fille. Ses rapports conflictuels avec sa mère et les longues absences de son père l’empêchaient d’être pleinement heureuse. À la venue de la tante Lady Arlington, une femme homosexuelle qui, austère au premier abord, se révèle être généreuse et très intéressante, Elizabeth Mary entrevoit une lueur d’espoir, une possible fin à son désarroi. En effet, Lady Arlington, lors de ses longues promenades avec elle dans le parc, se met à lui enseigner le monde, et en loue les richesses. Grande voyageuse, elle montre à la fillette silencieuse et renfermée les clichés pris au cours de sa vie de globe-trotter. Mais Grace, Mme Chichester, ne voit pas d’un bon œil l’influence pourtant si bénéfique que Lady Arlington a sur sa fille. Quand elle propose d’emmener sa nièce hors de l’enceinte infranchie, dans cet ailleurs si intrigant, Grace refuse catégoriquement. Celle qui deviendra la très célèbre Jade Chichester se saisit alors de l’appareil photo que sa tante lui a offert. De son premier cliché raté (une photo de sa mère), elle gardera un souvenir impérissable, se rappelant sa candeur d’alors.
Signant avec Jusqu’à pareil éclat une sorte de roman d’initiation à la forme originale, Anne-Lise Grobéty parvient à livrer un texte que les puristes amateurs de très beaux textes encenseront infiniment. De métaphores lumineuses en citations de John Keats, l’auteur excelle avec cette biographie fictive au parfum étonnamment authentique. On déplorera seulement quelques excès, de la «surécriture» pouvant parfois paraître quelque peu pompeuse. Mais, dans l’ensemble, il se dégage de ce texte un raffinement (british?) littéraire de qualité, qui confirme l’éclat d’une plume aux honneurs mérités.

Blog de LUCAS VUILLEUMIER


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Rencontre à contre-jour

Anne-Lise Grobéty poursuit son analyse de la relation mère-fille, dont elle fait l’obsessionnelle petite musique de Jusqu’à pareil éclat, publié par Bernard Campiche dans une réédition entièrement remaniée. «Dans vos romans, notait très lucidement Valérie Cossy lors de la remise du Grand Prix C. F. Ramuz à l’auteur en 2000, la relation mère-fille est caractérisée par le mensonge et la nécessité de se protéger mutuellement.» Cynisme et sensualité détournée dans ce conte où les livres et les animaux, notamment, instaurent une étrange inquiétude de l’être. Un fort beau texte.

JACQUES STERCHI, La Liberté


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