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À septante et un ans, l’un des meilleurs écrivains de ce pays, Jean-Pierre Monnier, se tourne vers son passé. Pour mémoire n’est pourtant pas une autobiographie intime ou un recueil de souvenirs: plutôt une promenade en forme de bilan d’une riche activité littéraire. Monnier y parle de livres, les siens, ceux aussi qu’il a aimés. Il évoque la figure d’amis et de personnages appréciés, poètes, écrivains, éditeurs. Il s’interroge sur les rapports entre le réel, l’être et la fiction. Il réfléchit, enfin, sur l’écriture, sa valeur, ses implications et l’engagement qu’elle suppose.
Cet ouvrage est magnifique! Exigeant, mûri, dense: il est indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’écriture. Car il témoigne d’une époque et pose des questions essentielles sur la fonction de la littérature, le rôle de l’écrivain, sa place dans la société.
…Le véritable écrivain travaille sur soi, sur quelques images profondes, quelques sensations (…). Il parvient à lutter contre l’usure des mots, leur perte de signification, à proposer une sensibilité plus personnelle. Il travaille sur les faits de culture plutôt que de civilisation.
…Mais Pour mémoire ne se compose pas seulement de cette réflexion sur l’écriture. C’est aussi une évocation des années d’après-guerre, de la période où Monnier entrait en écriture et des rencontres qui l’ont encouragé. Celle de Crisinel tout d’abord, pudique, attentif aux autres, disert et souvent enjoué… Roud également, que Jean-Pierre Monnier rencontre trois ou quatre fois, avec qui il échange des lettres…
ALAIN BAGNOUD, Le Nouveau Quotidien
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