VALENTIN & SACHA DECOPPET

CHARPILLES


2025. Un «beau livre» de 104 pages. Prix: CHF 38.00.
ISBN 978-2-88241-468-7


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Bourreaux du bureau: une cartographie du harcèlement

L’un est écrivain, l’autre graphiste. Valentin et Sacha Decoppet détournent avec brio l’esthétique bureaucratique pour signer un livre-objet qui décrit la violence du mobbing. Original mais surtout éloquent

Il faudrait, pour honorer ce livre, l’effeuiller, en montrer le spectacle des pages! On se contentera de le décrire, c’est le métier après tout, et de dire à quel point ces Charpilles, inclassables bien que perforées de quatre trous qui semblent les destiner à un classeur, constituent l’ouvrage le plus original qu’il nous ait été donné de voir depuis longtemps.
Publié par Bernard Campiche, qu’on ne soupçonnait pas de pareille audace, c’est une rame de papier, schémas et colonnes de mots, comme sortie de l’imprimante d’une quelconque administration. On s’en approche: c’est une narration, une scansion, coulée dans une pseudo-esthétique bureaucratique, au croisement de la to-do list et du calligramme. Placé sous le signe de Bartelby, gratte-papier qui dans la courte nouvelle de Melville répond un jour à son employeur qu’il «préférerait ne pas», un récit se dessine, fragmentaire, pour tenter d’approcher toute la sournoise complexité du harcèlement professionnel. De page en page, chacune étant mise en scène avec une inventivité graphique et narrative renouvelée, se dessine un vaste panorama du mobbing, fondé sur la typologie établie au siècle passé par le psychosociologue suédois Heinz Leymann.
«C’est en voyant les cas de mobbing se répéter autour de nous, voire même augmenter, que mon frère et moi avons décidé de traiter ce sujet, par l’écriture et le graphisme», note dans sa postface l’écrivain et traducteur Valentin Decoppet, formé à l’Institut de Bienne, auteur en 2022 d’un polar qui nous avait semblé prometteur, et qui ici voit sa prose mise en espace par le graphiste formé à l’ECAL Sacha Decoppet. Entre prouesses typographiques et pulsation poétique, c’est un essai d’Art faber, un manifeste ouvrier en col blanc, qui décrit la violence du bureau comme A la ligne de Joseph Pontus disait celle de l’usine; du secondaire au tertiaire, la photocopieuse a remplacé la ligne de production, mais la souffrance est la même, née de la répétition, de l’humiliation, de la déshumanisation.
Rares sont les ouvrages qui, comme La Couleur des choses de Martin Panchaud a renouvelé l’esthétique de la BD en puisant dans l’infographie, expérimentent de nouvelles formes avec à-propos, sans jamais se détourner du fond. Ainsi de ces Charpilles, livre-objet qui, avec brio, détournent les codes visuels du monde de l’entreprise pour esquisser la cartographie de ses asservissements.
Alors pour tenter d’en montrer tout de même une page, on fait comme le narrateur assigné au scanner – «poser le livre face contre verre et fermer le couvercle lumière un mois à regarder la lumière un mois pour apprendre à scanner page après page après ligne après ligne.»

THIERRY RABOUD, 
La Liberté

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C’est en voyant les cas de mobbing se répéter autour de nous, voire même augmenter, que mon frère et moi avons décidé de traiter de ce sujet, par l’écriture et le graphisme. En effet, si les langues commencent à se délier, le sujet reste encore peu visible en littérature, et si c’est le cas c’est souvent d’un point de vue personnel, particulier. Or s’intéresser au mobbing, c’est commencer à reconnaître des modèles, des points communs entre chaque situation. C’est se rendre compte qu’il y a aussi un après-mobbing qui laisse des traces, des traces avec lesquelles il faut vivre et parfois survivre. C’est observer que les personnes qui mobbent ne répondront bien souvent jamais de leurs actes, le mobbing étant difficile à prouver. C’est voir que la liste de Leymann, si elle est un commencement, n’arrive pas à rendre compte de la réalité du mobbing, de la détresse des personnes qui en sont victimes. Charpilles est une tentative de mettre les mots sur les maux, de visibiliser une maladie qui se répand, une maladie dont on pense toujours qu’elle touchera les autres mais pas nous, jusqu’à ce que ça nous arrive. Nous ne voulons pas dénoncer mais montrer, faire sentir la destruction des personnes. Et avec un peu de chance faire changer les choses. parente soumission ne l’empêcheront pas d’exercer sa liberté.

VALENTIN DECOPPET


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