STÉPHANE BLOK - BLAISE HOFMANN

FÊTE DES VIGNERONS 2019. LES POÈMES

2019. 176 pages. Prix: CHF 19.90
ISBN 978-2-88927-681-3 (ISBN des Éditions Zoé)

Co-édition avec les Éditions Zoé


Biographie de  Stéphane Blok

Vous pouvez nous commander directement cet ouvrage par courriel.

Sous la vigne, les livres

Avant même que la première note n’éclate sous le ciel veveysan, la Fête des Vignerons engendre une riche production littéraire, entre poésie et humour. L’œuvre de Stéphane Blok, Blaise Hofmann, Bertschy et d’autres

Quand le vin est tiré, il faut le boire. Quand le livre est imprimé, il faut le lire. Du pressoir à raisin à la presse typographique, il n’y a qu’un pas que l’imminence de la Fête des Vignerons stimule. Quatre ouvrages pavent le chemin qui mène à l’arène veveysanne dès le 18 juillet. Le premier, Fête des Vignerons 2019. Les Poèmes, rassemble le textes du spectacle. «Le ciel, le jour, le soir, la nuit / Le ciel, la peur, l’espoir, le fruit»… On sait que la fête va commencer dans un déluge de percussions, une tornade afro-cubaine délocalisant le carnaval de Rio. Blaise Hofmann trouve les mots que portera ce crépitement initial, ils frappent de façon métronomique, comme tombe la grêle, comme cogne le cœur. Écrivain voyageur et vigneron, l’auteur a écrit les textes directement liés au travail de la terre – les cirés jaunes des vendangeurs, l’odeur de la glèbe, un chemin de sève, un goût de miel et de tilleul, les beaux grains encore verts, le coup de froid qui remplit d’effroi… «Le ciel, la fleur, le feuille, le fruit / Le ciel, le cœur, le feu, l’esprit…»
Stéphane Blok, l’autre librettiste, lève les yeux sur le panorama et observe les activités sociales des vignerons, jeux de cartes ou rêves des enfants… Pour cet amoureux du lac Léman, «L’eau est bleue / Et ce n’est pas le ciel qui dira le contraire», car «Le lac aux cieux mille fois se reflète». Il évoque une petite valse du mois de mai, entonne une Chanson de table où nourritures terrestres et spirituelles se confondent («Tous les vins que nous buvons / la sève, la sève») et l’ombre du tombeau s’avance («Tous les jours où nous mourons ( s’achèvent, s’achèvent÷). Comme il est auteur-compositeur-interprète, ses vers semblent déjà contenir des mélodies.
Reste la musique, composée par Jérôme Berney, Valentin Villard et Maria Bonzanigo, d’habiller les mots des deux librettistes comme le pampre vêt le sarment.

(…)


ANTOINE DUPLAN, 
Le Temps,  13 juillet 2019

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Le livret de 2019

Chaque Fête des Vignerons a son déroulement propre. Celui-ci s’épanouit au fil d’un spectacle grandiose dicté par un texte qui en rythme les tableaux, les étapes, les scansions. Voici donc le livret de l’édition de ce cru. Fête des Vignerons 2019. Les Poèmes est signé à quatre mains pour la première fois de l’histoire de cette longue tradition vaudoise. Les auteurs, Stéphane Blok, poète et musicien lausannois, et Blaise Hofmann, écrivain voyageur natif de Morges, chantent le cycle des saisons et les travaux ancestraux de la vigne. Du local à l’universel, de l’ancrage à l’ouverture, du gel à la flamme, de la sève au ciel, ils donnent une teinte lente, songeuse et sensorielle à cet événement rassembleur. «Que de tout côté / vibre vibre la lumière / car / nous devrons entiers / tant qu’à vivre éphémères.»


TK, 
L'Écho magazine,  11 juillet 2019

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Chaque tableau de la Fête a ses poèmes écrits par les deux co-auteurs. Ils sont consignés dans un ouvrage commun, permettant de bien s’infiltrer au sein même de ces moments forts du spectacle. À Découvrir et relire après le spectacle.

Le Régional, 
11 juillet 2019

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La Fête des Vignerons, organisée sur la place du Marché de Vevey par la Confrérie des Vignerons depuis 1797, aura lieu cette année du 18 juillet au 11 août.
Les deux librettistes de cette cuvée 2019 sont Stéphane Blok et Blaise Hofmann. Stéphane fut imposé à Blaise, et réciproquement... et ni l'un ni l'autre ne l'a regretté.
Le livret a été co-édité par Zoé et Bernard Campiche Éditeur. Il permet de se préparer au spectacle et permettra de s'en souvenir.
Dans sa préface Stéphane dit: «Lhomme est la nature, la nature est l’homme.»
Dans la sienne Blaise précise: «La nature: La terre, le lac, ce fleuve qui fait le lien entre un glacier et la mer, l'ai pur, la bise, le vent, le soleil, la lune, les étoiles.»
L'homme: «Les vignerons qui parlent le mieux de l'interdépendance de la terre et du ciel sont ceux qui travaillent dans le respect de la nature.»
La tradition, dit Stéphane, «nous relie à avant, à après, à maintenant.»
Le défi de cette création, dit Blaise, est: «s’affranchir d'un régionalisme trop exigu, d'une référence identitaire paralysante, tout en évitant l'extrême opposé: enfanter une grande production hors-sol.»
La gageure était donc d'être à la fois temporel et intemporel, enraciné et universel: pari tenu.
Les poèmes sont les paroles de la Fête, mises en musique par Jérôme Berney, Maria Bonzanigo et Valentin Villard.
Ces poèmes parlent:de la nature, c'est-à-dire de la vigne (de ses pleurs, de ses bourgeons, de sa feuille), du vigneron (des vendanges, de la taille, de l'arrache, de la protection de la vigne), de la terre, des trois soleils de C. F. Ramuz  qui brillent en Lavaux («le soleil lui-même, les murets chauffés et le reflet des rayons sur le lac»), de l’eau, des saisons (de la longue nuit de lhiver) et de l'homme (de ses cartes, de ses faux-chevaux, du petchi et de noces)…
«Certains poèmes n'ont pas été intégrés au spectacle final, ou que partiellement»: ils se trouvent à la fin du livret.
Blaise y parle notamment de Noces vigneronnes:
«Pour sa vigne, rien n'est trop beau, ni trop cher.
Il a des gestes câlins, une bouche attendrie,
il la choie, il la bichonne,
la chouchoute, la pouponne…

Comme un pleur, comme un bourgeon,
comme un printemps... Épouser un vigneron.»

Stéphane y attend notamment «Le Beau Temps»:
«Lorsque le raisin sera mûr
Il nous faudra nous hâter
Lorsque tous les grains seront mûrs
Nous hâter de vendanger

En attendant le beau
Je garde espoir et les doigts croisés
En attendant le beau temps qui
Je sais ne devrait plus tarder

Grâces soient rendues aux deux éditeurs, puisque ces poèmes ne sont plus inédits...


Blog
de
FRANCIS RICHARD

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«Les souliers plantés dans la terre, mais le regard tourné vers le ciel…»

Colibrettiste de la Fête des vignerons, l’écrivain-voyageur Blaise Hofmann publie trois ouvrages pour expliquer la genèse et l’esprit d’une manifestation à nulle autre pareille

MMagazine – Blaise Hofmann, comment définiriez-vous cette étrange manifestation qu’est la Fête des vignerons?
Blaise Hofmann – C’est le regroupement de plusieurs arts pour célébrer la terre, le cycle des saisons et le travail de la vigne, mais surtout un extraordinaire rassemblement de gens, de tous les milieux, de toutes les générations, de toutes les origines. Il faut 5’600 figurants et 20’000 spectateurs pour transcender le tout. Il faut aussi le paysage de Vevey, ce décor si dramatique,. La fête n’est ni chrétienne ni païenne, mais une transcendance, une spiritualité, un mysticisme s’en dégage. Pendant trois semaines, toute une ville s’élève et ne réatterrit pas. C’est un carnaval mais aussi une communion.

MMagazine – Avant d’être impliqué comme colibrettiste, vous considériez la Fête des vignerons comme «la résurgence d’un passé nationaliste, phallocrate et réactionnaire»…
Blaise Hofmann – Pour ce qui est du côté phallocrate, la Confrérie guérit lentement, mais sûrement, comme la société actuelle. Pour le reste, je me trompais. Cette fête fait le grand écart entre des notions contradictoires. À l’image du vigneron, avec ses gros souliers plantés dans la terre, mais le regard tourné vers le ciel. La Fête des vignerons est ancrée dans une région. On ne l’exporte pas. Son message reste cependant universel, essentiel, élémentaire. Si elle commémorait un événement historique, si elle parlait par exemple de l’indépendance vaudoise, elle serait morte depuis longtemps.

MMagazine – Or, elle défie le temps…
Blaise Hofmann – Pour durer, comme c’est le cas ici, une tradition doit se renouveler, tout en conservant un message atemporel, universel. Avec malgré tout une base régionale: le territoire des tâcherons. Ces vignerons qui travaillent les vignes pour des propriétaires et viennent surtout de Lavaux, de la Riviera et du Chablais sont récompensés lors de la fête. La fête se nourrit de contradictions. Elle engage des professionnels, mais son carburant principal est bénévole. Elle s’appuie sur un lointain passé, mais reflète toujours la société ambiante. On la dit folklorique et traditionnelle, mais à chaque génération, elle dérange, provoque, scandalise…

MMagazine – L’édition 2019 intègre des valeurs écologistes et féministes. Un évidence pour vous?
Blaise Hofmann – Oui, mais c’est aussi une évidence que dans vingt ans les partis pris seront autres. Tous les vignerons, vraiment tous, ont aujourd’hui intégré le souci de l’environnement. Même s’ils ne font pas du bio, ils utilisent tous les produits beaucoup moins néfastes. C’est une des grosses évolutions de la viticulture. L’autre, ce sont les vigneronnes. Dans la formation maintenant c’est 50-50, d’autant que le métier s’est automatisé, est devenu moins musculaire, plus intuitif. Du reste ce sont souvent des vigneronnes qui font les meilleurs vins.

MMagazine – La suppression cette année du dieu Bcchus et des déesses Palès et Cérès, figures mythiques de l’événement, ne peut-elle faire craindre une fête un peu aseptisée?
Blaise Hofmann – Bacchus, c’est le dieu de l’ivresse et de l’excès. Or, dans les statuts de la Confrérie des vignerons, il n’est question que d’honorer la viticulture, il n’est jamais question de transformation, de vin, d’œnologie, de dégustation. Pour la fête 2019 i n’y a que la deuxième partie du dernier tableau qui parle de vins, de cave, d’ivresse. Mais évidemment, on est en terre vaudoise et qui dit «fête» dit «vin». Quant à Palès et Cérès, elles étaient choisies surtout pour leur physique. Or, nous voulions certes avoir davantage de présences féminines, mais fondées sur d’autres critères.

MMagazine – Comment vivez-vous le gigantisme d’une telle fête?
Blaise Hofmann – Assez mal, mais c’est aussi ce qui fait la beauté de la fête, cette audace, cette démesure, cette folie. Il y a une grande part d’insouciance dans ce projet, avec des sommes importantes à sortir qui peuvent mettre à mal la Confrérie. Mais il faut un peu d’inconscience pour, trois semaines durant, construire une arène de 20’000 places, qui va bloquer la ville pendant des mois. C’est aussi un peu en contradiction avec le message d’une viticulture de proximité. Mais l’immensité de l’arène, c’est ce qui va créer des liens sociaux. Grâce à cette démesure, les gens sortent de leurs limites, sortent de leur zone de confort.

MMagazine – Vous racontez que les relations avec le directeur artistique, Daniele Finzi Pasca, n’ont pas toujours été faciles…
Blaise Hofmann – Daniele Finzi Pasca a toujours travaillé à créer des spectacles oniriques, ce que je ne sais pas faire et que je n’ai pas envie de faire. J’aime l’histoire des vraies personnes, raconter du vécu avec des anecdotes et des détails évocateurs. C’est normal qu’il y ait eu des tensions, tout le monde a dû s’adapter, et je pense que le produit final va vraiment donner quelque chose de spectaculaire, de beau pour les yeux, d’agréable pour les oreilles, à la sauce Finzi, mais avec le terreau de la fête, grâce à la Confrérie et à tous les gens d’ici qui sont impliqués, comme organisteurs, figurants ou spectateurs.

MMagazine – La Fête des vignerons, dites-vous, c’est aussi pour beaucoup une question de génération…
Blaise Hofmann – Vous pouvez interroger n’importe quel participant, il va vous parler de ses grands-parents, de ses parents, de leurs rôles respectifs dans les fêtes précédentes. Chaque fois, on s’inscrit dans une lignée, c’est le cas des trois quarts des figurants. Et puis, les génération ce sont aussi les saisons, le cycle de la vie, l’alternance du jour et de la nuit, alors qu’habituellement nous réfléchissons plutôt en termes d’évolution, de la naissance à la mort. Il y a là quelque chose d’assez exotique, qui évoque la réincarnation.

MMagazine – Vous lâchez deux petites bombes: le major Davel serait d’origine italienne et «Le Ranz des vaches» appenzellois…
Blaise Hofmann – Davel, à l’origine la famille s’appelait «Daverio», de même que les Bujard se sont d’abord appelés «Buzarri», les Jaunin, «Janini», et la liste est longue. C’est cela qui me touche dans ce coin de pays: on est constitué d’influences de toute l’Europe. Un mélange de Renaissance italienne, de Lumières françaises et de nature alpine. La ville de Vevey au premier chef, peuplée à 40% d’étrangers est une belle éponge. La composition de l’équipe artistique est en phase avec cette mixité. Nous comptons en effet un Anglais, un Canadien, un Tessinois, un Uruguayen, un Fribourgeois, des Vaudois… Comme les tâcherons qui viennent maintenant aussi d’un peu partout. Quant au «Ranz», qu’importe l’origine qu’importe le sens des paroles, c’est un hymne plein de nostalgie, l’hymne de tous ces hommes modernes en manque de nature, en manque de montagne, en manque de vie sauvage. Avec la version 2019 de Maria Bonzanigo, j’ai eu les larmes et les frissons lors des répétitions, c’est gagné.


Bio express

Né à Morges en 1978.
Licencié en Lettres de l’Université de Lausanne.
A travaillé comme aide-infirmier, animateur, berger, enseignant.
Collaboration avec divers journaux («L’Hebdo», «24 Heures», «Le Nouvelliste», «Terre et Nature»).
Auteur d’une dizaine de romans et récits de voyage, dont:
2006: Billet aller simple, Éditions de l’Aire.
2008: Estive, Éditions Zoé, récit, Prix Nicolas-Bouvier.
2014: Marquises, Éditions Zoé.
2015: Capucine, Éditions Zoé.
2016: Monde animal, Éditions d’Autre Part.
2018: Les Mystères de l’eau, Éditions La Joie de Lire.


LAURENT NICOLET, 
MMagazine,  8 juillet 2019

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Quel bonheur que celui de tenir entre les doigts ce petit opuscule et d’en égrener les poèmes. Ainsi que l’n cueillerait, un à un, des grains de raisin à la peau diaphane. Prémisses d’une fête qui déploiera ses fastes au mitan de lété.
Écrire le livret était jusqu’alors l’affaire d’un seul écrivain. Qu’elles ont été, en coulisse, les raisons de donner la parole à deux hommes de lettres là n’est pas mon propos. Je suis heureuse que le choix se soit porté sur deux personnes attachantes, le musicien-poète Stéphane Blok et l’homme épris de voyages: Blaise Hofmann. Le premier écrit et compose pour le théâtre, la danse et le cinéma. Le second a publié romans et récits de voyage.
Comme pour le plus chaleureux des vins, il a fallu une lente maturation jusqu’à ce recueil de poèmes abouti. Percer les secrets des gens de la vigne exigeait doigté et patience.
Qualités dont sont dotés les deux écrivains. En plus de cette veine poétique qui les anime. «La poésie est à tout le monde, elle voyage; elle naît on ne sait où, elle ne meurt jamais» écrit Stéphane Blok dans sa préface.
Sans le savoir avant leur rencontre littéraire, tous deux habitent à Lausanne, à cent mètres l’un de l’autre. Ils deviennent père à quelques jours d’écart, en pleine gestation de la Fête.
«Il y aura les rires et les pleurs de nos filles un peu partout entre les pages de ces poèmes» s’attendrit Blaise.
Parler de poésie est une gageure. Aussi je m’avance sur la pointe des pieds. Celle de Blaise et de Stéphane est limpide comme un ciel serein sur le Lavaux. En amont, un méticuleux travail de lecture et de documentation. Et puis les poèmes sont là sous nos yeux avant d’être chantés.
La force du poète qui, en peu de mots, dit le cycle des saisons et le rythme des travaux de la vigne. Le sens du mot juste. L'image évocatrice. «C’est un éloge des sens, de la lenteur, du vivre-ensemble, de la nature, du «repaysement». La formule est de Ramuz.
Il y a des poèmes dans lesquels coulent le lait et le miel. Mais d’autres sont acides, poignants, bouleversants. Tous ont un goût de «reviens-y». L’envie, soudaine, vous prend d’en déguster quelques-uns, conscient de leur beauté et de leur intemporalité.
S’il est un petit livre à emporter avec soi, c’est bien celui-ci.


ÉLIANE JUNOD, 
L'Omnibus,  No 670, 28 juin 2019

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Les opus sur la Fête des vignerons se multiplient. Voici celui, incontournable, du livret de lédition 2019, écrit, pour la première fois de son histoire, à quatre mains par Stéphane Blok, lausannois poète et musicien , et Blaise Hofmann, né à Morges, auteur de romans et de récits de voyage. Au fil des poèmes, on retrouve le cycle des saisons et le rythme des travaux de la vigne. À la manière d’une treille, ce texte entremêle le régional et l’universel, le traditionnel et le contemporain, le concret et l’onirique,. Un éloge des sens, de la lenteur, du vivre-ensemble, de la nature, du «repaysement»,

SP, 
Agri,  14 juin 2019

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Des poème pour l’éternité

Que vous ayez ou non pris des billets pour la Fête des Vignerons, que vous adhériez ou non au gigantisme de l’événement, plongez-vous dans le livret de l’édition 2019, rédigé par les Vaudois Stéphane Blok et Blaise Hofmann. Véritable ode à la terre et à la nature, leurs textes racontent avec fraîcheur et dans un langage universel les travaux de l’année viticole, évoquent le rythme des saisons, la région et les traditions. Si leurs poèmes seront chantés cet été par un millier de choristes dans l’arène veveysanne, nul doute qu’ils s’inscrivent dans le paysage littéraire romand pour longtemps. Comme le dit Blok dans la préface, «la poésie est à tout le monde (…), elle ne meurt jamais.»


CLAIRE MULLER, 
Terre et Nature,  13 juin 2019

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La vigne et la terre célébrées par la poésie d’aujourd’hui

Librettistes de la Fête des vignerons, Stéphane Blok et Blaise Hofmann sont invités ce samedi à la librairie du Vieux-Comté, à Bulle. Rencontre à Lausanne, pour évoquer cette création peu commune.

Sur la terrasse de ce petit café lausannois, leurs vannes fusent, comme pour pimenter l’exercice imposé. C’est que les librettistes de la Fête des vignerons, Blaise Hofmann et Stéphane Blok, sont désormais rompus à l’exercice de l’interview croisée. Retour sur cette drôle d’aventure, avant leur venue, ce samedi, à la Librairie du Vieux-Comté, à Bulle.

La Gruyère - Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques semaines de la première?
Blaise Hofmann - Je le vis comme la publication d’un livre. Le texte est rendu, je trouve bien d’aller aux répétitions, mais j’ai pris mes distances par rapport au spectacle lui-même. D’autres personnes en prennent soin et je leur fais confiance.
Stéphane Blok - Oui, le travail est rendu depuis quasiment une année. J’ai beaucoup de curiosité. L’arène est très réussie, c’est un espace magnifique, où l’on se sent bien. Dès que l’on entre, on comprend qu’il est possible de coller au postulat de départ: faire quelque chose de très gros, mais qui puisse garder une intimité, une fragilité.
Au vu des répétitions, on reconnaît la patte Fête des vignerons, c’est-à-dire des spectacles grandioses joués par des amateurs. J’ai vraiment de l’enthousiasme et de l’excitation. Nous avons visité les chœurs et tous disent qu’ils ont du plaisir à chanter. C’est de la musique sophistiquée, mais de manière un peu cachée. Elle reste populaire.

La Gruyère - Dans ce processus de création qui a débuté en 2014, quels ont été les moments les plus forts?
Blaise Hofmann - Les répétitions, la première fois qu’il y a eu 500 choristes. Après, nous avons vécu une multitude de petites émotions. Les journées de travail en commun, avec les créateurs et la Confrérie des vignerons, avec tout le monde autour de la table, ont représenté des moments très forts.
Stéphane Blok - Il y a aussi des plaisirs différents, dans l’intimité, quand tout à coup j’ai trouvé une scansion, quand le mélange mots-musique marche et que c’est indéniable. C’est comme quand tu joues aux fléchettes, que tu en lances une et qu’elle va en plein centre. C’est un plaisir intime, mais tu sais qu’il va être contagieux.

La Gruyère - Dans les poèmes, on ressent vos différences: Blaise Hofmann est par exemple davantage dans le concret, le travail de la terre…
Blaise Hofmann - Nous avons des sensibilités différentes. Après les premiers dix jours de création, le découpage s’est fait en une vingtaine de tableaux, que l’on devait se répartir. On pensait que ce serait la fin de la lune de miel, mais il n’y a pas eu un seul tableau que nous revendiquions les deux.

La Gruyère - Les grandes options, comme le fait de ne pas s’appuyer sur la mythologie classique, sont-elles nées de ces séances en commun?
Stéphane Blok - C’était décidé avant, dès les premières discussions de la Confrérie avec Daniele Finzi Pasca et Julie Hamelin {n.d.l.r.: le metteur en scène et son épouse, décédée en 2016}. Nous étions d’accord avec cette optique, qui rendait le travail passionnant et permettait de se demander où faire vivre les dieux. Ce ne sont plus les dieux grecs, mais ils sont présents dans le contenu, dans ce qu’ils peuvent symboliser, pas dans leur incarnation. Dans l’émerveillement d’un matin qui se lève, comme dans cette petite chanson à boire: «Tous les jours que les dieux font / se lèvent, se lèvent / tous les jours que les dieux font / se lèvent à l’horizon…»

La Gruyère - On imagine une Fête des vignerons très cadrée, avec nombre de passages obligés, alors que vous avez été très libres…
Stéphane Blok - La fête est connue pour son exubérance, pour ses hommes déguisés en femmes, pour ses gradins énormes et je me demande pourquoi les gens pensent que tout est cadré. Je n’ai jamais lu ou entendu un artiste estimant avoir été contraint ou muselé. Ce sont des vignerons et des notables de Vevey qui commandent une œuvre et font confiance aux artistes.

La Gruyère - Cette idée vient sans doute du côté tradition…
Stéphane Blok - Oui et c’est là que la Fête est intéressante: elle donne une belle image de la tradition, qui est vivante et renouvelée.
Blaise Hofmann - Nous avons eu plus de liberté que les autres artistes, ce qui n’est pas forcément bon signe: il y a moins d’intérêt pour le texte… À l’origine, cette fête n’est pas un spectacle, mais un cortège. Son âme, c’est des costumes, des danses et des chants, pas des répliques de théâtre. Les mots sont là pour accompagner, guider la dramaturgie.

La Gruyère - Vos poèmes mêlent volontiers la tradition, l’hymne à la terre, et la modernité, avec klaxons, capots de voiture, wi-fi…
Blaise Hofmann - J’ai écrit comme d’habitude. Chaque tableau est un laboratoire où l’on essaie de coller un fond avec une forme. Parfois, il y a une métrique régulière, des rimes, et d’autres passages partent en vrille, avec des collages, des langues étrangères, des mots techniques du lexique viticole, à la limite de la poésie sonore.

La Gruyère - Au-delà de l’homme et de la nature, il y a aussi l’âme d’un canton, avec le lac, les cartes…
Stéphane Blok - C’était pour dire que la vigne, ce n’est pas toujours l’effervescence. J’ai proposé des interstices, ces moments qui décrivent le rien, les intersaisons. On joue aux cartes parce que, après les vendanges, la saison est un peu morte.
Blaise Hofmann - Il n’y a pas de vaudoiseries et il n’y en a jamais eu, Ramuz, qui est l’étoile à suivre. Il est arrivé à avoir ce goût de la terre, sans être attaché à un canton.
Que ce soit le chasselas, qui vient d’un plant américain, l’eau du lac, qu’on partage avec les Français ou le nom de famille des vignerons-tâcherons – qui étaient italiens, espagnols, portugais et qui aujourd’hui sont albanais et de pays de l’Est – tout est mixité. On ne peut pas faire un spectacle régionaliste et ça a toujours été le cas.

La Gruyère - Qu’allez-vous retirer de cette expérience?
Blaise Hofmann - J’ai beaucoup appris sur l’écriture chorale, sur le lien entre les mots et la musique, en parlant avec Stéphane et avec les compositeurs. Et sur ce qu’implique un gros spectacle, comment on le construit, comment on gère une telle équipe artistique. J’ai vu comment Daniele a commencé par l’arène, par se demander où seraient les caméras de la RTS. Après, le dommage collatéral sera la casquette Fête des vignerons. J’avais celle de l’écrivain voyageur et du berger, j’en aurai une de plus…
Stéphane Blok - Je n’ai pas trop de souci là-dessus. Il y a peu de porosité entre les différentes choses que l’on peut faire. Les gens qui aiment la Fête des vignerons me connaîtront pour ça, mais ceux qui aiment bien la chanson alternative et qui écouteront mon prochain album n’y penseront pas.
Si je vais jouer à Porto, à Paris, même à Zurich ou à Neuchâtel, on ne me présentera pas comme le parolier de la Fête des vignerons. Ici, oui, dans la région, quand j’irai boire des verres en Lavaux, mais c’est plutôt sympa.



Trois livres sur l’édition 2019
À la lecture des poèmes de la Fête des vignerons 2019 (coédités par Zoé et Bernard Campiche), une évidence: le choix de faire appel à deux librettistes se révèle judicieux. Stéphane Blok et Blaise Hofmann se complètent pour dire avec des mots actuels la vigne d’aujourd’hui, la terre et ses travaux. Pour s’appuyer sur la tradition et lui donner un magnifique coup de jeune. À noter que les deux écrivains signent les textes chantés, mais pas les dialogues entre le grand-père (qui sera interprété par le comédien Michel Voïta) et sa petite-fille.
De son côté, Blaise Hofmann publie également La Fête (Editions Zoé), passionnante plongée dans les coulisses. De l’instant où il reçoit la proposition d’écrire le livret aux premières répétitions, on suit l’écrivain dans ses recherches, ses rencontres, ses doutes, ses enthousiasmes… «Je ne voulais pas faire un livre dans le dos de la Confrérie, explique-t-il. Je leur en ai parlé et ils ont accepté l’idée.» Le livre permet à la fois de se familiariser avec l’histoire de la Fête des vignerons, ses origines, ses développements et de découvrir de l’intérieur comment se met en place un tel spectacle. On y retrouve le regard acéré et l’indéfectible honnêteté de Blaise Hofmann. La Fête est aussi l’histoire d’un coup de foudre, puisque, après avoir redécouvert ce monde, il a décidé de reprendre les vignes de son père.
L’auteur d’«Estive» et de «Marquises» signe encore un livre jeunesse sur cette Fête des vignerons: avec l’illustratrice fribourgeoise Fanny Dreyer, il publie Jour de fête, aux Éditions La Joie de lire. Où l’on suit Jeanne, 11 ans, qui sera papillon dans le spectacle, le jour d’une répétition générale.
Pour la «causerie-dédicace» de samedi, la Librairie du Vieux-Comté accueillera également Anne Philipona, au côté des deux librettistes. L’historienne vient de signer la réédition du livre de Guy S. Métraux, Le Ranz des vaches, aux Éditions Ides et Calendes.



Blaise Hofmann
1978: Naissance à Morges. Études de lettres à l’Université de Lausanne.
2006: premier livre, Billet aller simple, récit d’un an et demi de voyage.
2007: Estive raconte une saison à l’alpage et reçoit le prix Nicolas-Bouvier.
2008: L’Assoiffée, roman.
2009: Notre mer, récit d’un tour de la Méditerranée réalisé en six mois.
2014: Marquises.
2015: Capucine, biographie romancée.
2016: Monde animal.
Vit à Reverolle (VD).

Stéphane Blok
1971: naissance à Lausanne. Études à l’Ecole de jazz et musiques actuelles de Lausanne.
1994: premier album, Esperanza Nicolasohn.
1996: Les Hérétiques.
1998: Le Principe du sédentaire.
2000: Lobotome.
2003: Léopard d’or, section vidéo, au Festival de Locarno pour Ixième, journal d’un prisonnier, réalisé avec Pierre-Yves Borgeaud.
2006: Boum, album avec Léon Francioli.
2012: Chants d’entre les immeubles. Premier livre: Les Illusions.
2014: deuxième livre: Le Ciel identique.
2017: création au Festival Altitudes de Chansons des routes et des rivières. Troisième livre: Les Fables de la joie.
Vit à Lausanne.


ÉRIC BUILLARD, 
La Gruyère, 27 juin 2019

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Tâcheron de la création

Revenu à la terre, Blaise Hofmann publie trois ouvrages qui lèvent le voile sur la prochaine Fête des vignerons et ses coulisses agitées

«Le fruit est maintenant près de sa maturité.» Samedi passé à Vevey, juste avant l’orage, l’abbé-président de la Confrérie proclamait officiellement la Fête des vignerons devant une foule de confrères, curieux, effeuilleuses froufroutantes, insectes fanfarons et autres figurants costumés. Cintrés de belles fierté et d’une redingote carmin rehaussée d’or, François Margot a rendu hommage aux créateurs.
Pendant ce temps, Blaise Hofmann était à l’autre bout du lac. Librettiste de la fête, il présentait au Salon du Livre de Genève trois ouvrages qui sont autant de regards sur la célébration à venir. Les enfants se feront raconter le Jour de fête (Éd. La Joie de Lire) magnifiquement illustré par Fanny Dreyer, tandis que les futurs spectateurs se plongeront dans le livret composé avec Stéphane Blok (Éd. Zoé/Campiche). On y découvre les tableaux de ce spectacle déployé d’une vendange à l’autre, cycle des saisons où alternent frémissements et bourgeonnements, dormance et bombance.

Un lyrisme qui se déploie de la terre à la sève, jusqu’aux amours à déguster

De la terre à la sève jusqu’aux amours à déguster, s’y déploie un lyrisme habilement suspendu entre chant de la nature et ode aux travailleurs viticoles. Une célébration enracinée dans ces parchets penchés, teintée d’humour local (la prose des horodateurs de la place du Marché), mais déployée vers l’universel en une geste qui n’est, au détour de quelques vers, pas sans évoquer celle d’un Jean Villard-Gilles. À la fin du recueil sont publiés des poèmes inédits qui n’ont pas été intégrés à la dramaturgie. Où l’on devine que le processus de réinvention de cette manifestation pluriséculaire, c’est aussi parfois le «petchi»…
Une gestation difficile que Blaise Hofmann raconte par le menu dans «La Fête» (Éd. Zoé). Du premier mail reçu en 2014 jusqu’au seuil des répétitions, l’écrivain morgien plonge son lecteur dans les coulisses du spectacle en préparation. Le romancier prend sa belle plume de journaliste, hyperréaliste et très documentée, en traversant ces années de création ponctuées de rencontres inspirantes et de sourdes déceptions. Car pour porter ce fruit artistique à maturité, pour que le vin tiré séduise, la Confrérie a confié la mise en scène à Daniele Finzi Pasca. Et sa main ferme n’hésite pas à ébourgeoner, tailler, égrapper, jusqu’à contraindre les sarments poussés ici à s’y plier.
Entre les créateurs du cru, Hofmann et Blok, mais aussi les compositeurs Valentin Villard et Jérôme Berney, une entente artistique s’opère autour de cette même ambition, relier l’homme à la terre. Sans cesse il faut pourtant réécrire, effacer, s’effacer devant l’onirisme vaporeux, la succession d’émotions grandioses voulues par l’omnipotent Tessinois doublé de sa compositrice principale, Maria Bonzanigo. «Il nous conseille vivement d’aller visionner ce que sa compagnie a réalisé {…}. On ne va pas s’écarter de ce style!» constate Hofmann, dépité, qui comprend pourquoi l’écrivain veveysan Nicolas Verdan, longtemps pressenti comme librettiste, a préféré décliner, arguant d’une incompatibilité avec cet «esprit de famille artistique centré autour d’une figure dominante». Ils écrivent, il dispose. En racontant les fureurs du personnage, Hofmann semble purger quelques amertumes. Avant de mettre de l’eau dans son vin, de s’accepter en simple tâcheron dédiant son travail à une création qui pourrait bien se révéler en grand cru.

Premières cuvées

Son récit n’a pas pour autant l’aigreur du pinard tourné. D’une visite de vignoble à l’effeuillage des archives, des auditions du «Ranz» aux séances de création, il est constellé d’anecdotes savoureuses, d’émerveillements, de profonds questionnements qui honorent l’esprit de cette célébration inscrite à l’Unesco.
Surtout, La Fête est un retour à la terre. Celui, sincère, d’un auteur inscrit dans «la longue tradition des poètes de la Fête des vignerons qui n’ont jamais taillé une vigne», et qui finit par s’y mettre. L’an passé, ce terrien voyageur a repris 7’000 m2 du domaine familial sur La Côte. Au Salon du livre, il arrosait ses parutions de ses premières cuvées.  Un gamay, un chasselas (frais et structurés), ornés des partitions de Valentin Villard et Jérôme Berney. Troisième compositrice de la fête, Maria Bonzanigo n’a pas de bouteille dédiée… «C’est parce que je ne fais pas de rosé», sourit l’écrivain devenu vigneron.


THIERRY RABOUD, 
La Liberté, 11 mai 2019

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Quand Blok image, Hofmann conte

L’auteur morgien et son camarade lausannois ne se connaissaient pas il y a quatre ans. Depuis, ils ont croisé leurs plumes, partageant le rôle de librettiste pour la prochaine Fête des Vignerons

L’un noircit les pages d’un carnet, le second tape sur un clavier. Un regard est clair, l’autre plus sombre. On pourrait continuer ainsi pendant plusieurs lignes. Superficiellement. Sauf que… tous deux préfèrent le vin rouge, dont ils partagent un verre de temps en temps. «Attention, la Fête des Vignerons , c’est celle du travail des hommes dans la vigne, pas de la vinification , souligne Blaise Hofmann, amusé.
Le nectar des dieux, c’est bien joli, mais on n’est pas là pour  ça! Stéphane Blok et Blaise Hofmann manient les mots de façons assez différentes pour devenir complémentaires. Alors que le Morgien (de Villars-sous-Yens, aujourd’hui installé à Reverolle) Hofmann et le Lausannois  Blok ne se connaissaient pas il y a quatre ans, leurs plumes se sont unies au service du livret de la fête, déroulant en filigrane une autre histoire: celle d’une jolie complicité.

Éloge de la nature, de la lenteur et des sens

«Stéphane est un artiste habité. Il a des valeurs auxquelles il ne déroge pas et c’est sa force. Pour ce qui est du livret, on se retrouve sur des points essentiels: un éloge de la nature, de la lenteur, des sens», conte Blaise Hofmann. Et il n’y a pas que ça qu’ils partagent. Lors d’une virée tessinoise avec l’équipe de la Fête des Vignerons, Stéphane a annoncé à son collègue qu’il allait devenir papa. Et Blaise, en réponse, de lui faire la même annonce.
«Il y a des joura où l’on n’a pas de chance, d’autres oui, lance Stéphane Blok. J’ai eu la chance qu’on m’impose Blaise. L’écriture est difficile à partager si l’on n’est pas sur la même longueur d’onde. C’est quelqu’un qui a une intuition juste, il est bien dans ses bottes.»

Plus de confluences

La rencontre à lieu dans un local en plein cœur de Lausanne et pourtant isolé des rumeurs urbaines: c’est l’antre de Stéphane Blok. Un cocon devenu l’une des «bases arrière de la fête», où les deux librettistes ont souvent écrit en parallèle. «Nous nous sommes divisés les tableaux et chacun relisait l’autre. On a toujours pris soin de parler d’une même voix en public», précise le poète.
Stéphane Blok concède volontiers que la plume de son coéquipier l’inspire au niveau rytmique, mais leurs écritures s’influencent-elles pour autant? La réponse est unanime :sur le style, non, sur le contenu, un peu. Ils sont conscients des mots qu’ils se «repiquent». «Dernièrement je me suis mis à le citer, mais le plus flagrant reste en interviw, je reprends souvent ses expressions, analyse Blaise Hofmann. Son écriture est comme ses poésies orientales qui ont macéré des années. C’est une fausse simplicité, profonde.»

En quête de leurs propres traditions

Si, selon Blaise Hofmann, son acolyte possède un foie très résistant – il fait aussi partie de la Société anonyme des amateurs de tripes –, Stéphane Blok entretient un autre rapport à la nature: depuis l’enfance, il a vendangé chaque année et chez ses grands-parents, à Moudon, il déambulait volontiers dans le potager. Mais la fête est surtout pour lui l’occasion d’alllier son travail  contemporain avec une tradition: «C’est une belle synergie. Les gens le savent peu mais j’ai souvent écrit pour des chœurs mixtes en dehors de mes travaux d’essayiste, de cinéma, etc.»
De son côté, Blaise Hofmann renoue avec ce qu’il voyait autrefois comme «de la phallocratie ultraconservatrice». Lui qui a bien bourlingué s’est «mis en quête de ses propres traditions après avoir expérimenté le métier de berger. «Mes parents sont aboriculteurs… Je réconcilie mes racines paysannes, vigneronnes, avec ma quête artistique», résume-t-il. Et le duo s’entend  sur cette conclusion: «La Fête des Vignerons, ce n’est pas un spectacle, c’est une célébration du lien qui unit l’homme à la nature. Ceux qui parlent de patriotisme ou régionalisme se plantent. C’est  plus métaphysique.» Ces sages paroles prononcée, le amis colibrettistes courent prendre le train direction Rivaz pour assister à une répétition pour le spectacle.


Le livret de la fête

«Ligne dramaturgique de la Fête des Vignerons», réalisé en étroite collaboration avec les compositeurs, le livret réunit tous les textes rédigés pour la célébration. Lors des premières éditions de la fête, il est d’abord une œuvre collective, u «patchwork» de contributions d’auteurs différents. C’est en 1905 qu’une création cohérente est développée pour la première fois entre l’écrivain René Morax et le compositieur Gustave Doret. En 019, une autre première encore: ce sont deux auteurs qui sont désignés au lieu d’un. «Les poème de la fête» sort ce jeudi en librairie, fruit d’une collaboration des éditions Zoé et Bernard Campiche.


Bios express

Le 29 octobre 2015, Stéphane Blok et Blaise Hofmann ont été désignés colibrettistes de la fête par les membres du Conseil de la Confrérie des vignerons. Vous avez sûrement croisé Blaise Hofmann, nommé parmi les Personnalités La Côte 2018, au détour de nos pages: l’écrivain installé à Reverolle a publié une dizaine de romans et récits de voyage. Il a notamment reçu le prix Nicolas Bouvier pour Estive, paru en 2007. Il raconte «sa» fête dans un livre éponyme, à paraître le 2 mai.
Quant à Stéphane Blok, il empile les casquettes de poète, écrivain et musicien jazz, il met sa plume et son oreille au service du théâtre, de la dans, du cinéma, mais aussi de chœurs de la région pour lesquels il a signé de nombreux textes, sur des notes du regretté Nicolas Tschup. Stéphane Blok a également signé un roman, Les Fables de la joie, et son dernier disque Chanson des routes et des rivières est sorti l’année dernière.


MARION, 
La Côte, 25 avril 2019

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Depuis 1797, le temps d’un été par génération, la place du Marché de Vevey accueille la Fête des Vignerons et son spectacle. Voici le livret de l’édition 2019, écrit pour la première fois de son histoire à quatre mains.
Au fil des poèmes qui le constituent, on retrouve le cycle des saisons et la terre, les hommes et les femmes qui exercent les travaux de la vigne. À la manière d’une treille, ce texte entremêle le régional et l’universel, le traditionnel et le contemporain, le concret et l’onirique. Un éloge des sens, de la lenteur, du vivre ensemble, de la nature, du «repaysement».


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