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GISÈLE ANSORGE

Prendre d'aimer

Roman
2003. 416 pages. Prix: CHF 20.–
ISBN 2-88241-134-0, EAN 9782882411341


Biographi

L’histoire de Séverine, née en Valais dans une famille pauvre, suit le cours du Rhône jusqu’au Léman pour remonter dans le pays de Fribourg. Servante ici puis là, engrossée par un fils de famille, fuyant le couvant où on veut la caser, vivant alors d’expédients, de rencontres avec d’autres paumés, rescapés des guerres napoléoniennes comme son père, elle subit la dure condition de la femme au début du XVIIIe siècle, sans jamais perdre pourtant la force lumineuse de sa personnalité; elle traverse les heures sombres de la guerre du Sonderbund, y perd celui dont elle est devenue la femme, et découvre finalement l’amour passion… sans lendemain, si ce n’est cet acte de générosité qui l’a fait mère de l’enfant d’une autre.
La multiplication des épisodes pourrait paraître un rien surfaite, mais elle nous permet de découvrir un pays, ses habitants, leurs us et coutumes, dans un vocabulaire qui est le leur, avec une diversité, une richesse de termes pour décrire métiers, croyances, sorcelleries, recettes culinaires, sentences et chansons, mais aussi d’une époque, sans épanchements sentimentaux, avec l’œill aiguisé de la cinéaste qu’était aussi Gisèle Ansorge, femme de Nag (Ernest Ansorge), célèbre pour ses films d’animations.

MYRIAM TÉTAZ, Avivo

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Autour de Séverine évoluent, pêle-mêle, curé, ursuline, famille, anciens mercenaires du Corse, soudard tatoué de boutonnières, le bon pasteur Charles-Auguste, bigotes pincées, pêcheur avec sa voile latine, belle-mère acariâtre, et toute une frise d’hommes et de femmes, tout un peuple avec ses beautés et ses laideurs. L’intrigue se trouve nourrie par une connaissance qui englobe l’histoire, les us et coutumes, les parlers régionaux, Gisèle Ansorge n’ignore pas plus les concoctions médicamenteuses que la manière de mener un train de ferme ou de griller une carpe sur la braise. D’une précision admirable, la langue se teinte parfois de couleurs locales.
Dans Prendre d’aimer, Gisèle Ansorge a su saisir un pays et ses gens, leur mentalité, leurs réactions, comme peu ont su le faire. Son livre embrasse quelques thèmes, par exemple la condition de la femme au début du XIXe siècle, mais surtout il en émerge une figure lumineuse, qui traverse des heures sombres, nomade sur les chemins de la vie, qui puise sa force au plus profond d’elle-même, au nom de l’amour. Après la lecture, Séverine vient habiter la mémoire. Elle laisse le même souvenir qu’une personne réellement rencontrée. Aussi espère-t-on que nombreux seront ceux qui feront sa connaissance.

RENÉ ZAHND, Le Matin

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